Le 101e Congrès de l'Association des maires de France (AMF) ouvre ses portes ce mardi 20 novembre, à Paris. André Laignel, premier vice-président de l'AMF et maire PS d'Issoudun (Indre) revient sur les enjeux de cet évènement annuel.
Emmanuel Macron ne se rend pas cette année au Congrès des maires. Quelle est votre réaction ?
C’est un manque de parole. Il s’était pourtant engagé, l'année dernière, à venir au Congrès pour faire le point sur ses engagements.
Il nous avait notamment promis un maintient des crédits d’investissements : ils sont en baisse. En outre, plus de 20.000 communes ont vu baisser leurs dotations.
Nous sommes donc très loin des engagements présidentiels. Je comprends donc, dans ces conditions, qu’Emmanuel Macron ait du mal à venir devant les maires de France.
Sur quels dossiers, attendez-vous le chef de l’Etat en priorité ?
Nous attendons que cesse l’étouffement financier des collectivités locales dans leur ensemble.
Nous souhaitons également qu’il y ait un véritable dégrèvement général de la taxe d’habitation - qui est la seule garantie que les citoyens ne la paieront plus pour leur résidence principale - et que les collectivités locales voient leur compensation honorée à l’euro près.
En 2017, François Baroin avait déclaré : «En sept ans, on a perdu 30 % de l'investissement local, on est à l'os». En quoi la situation est pire aujourd’hui ?
Parce que nos moyens continuent de baisser : l’exécutif a alourdi la contribution des collectivités au redressement des comptes publics de 3 milliards d'euros, soit 13 milliards d’ici à 2022.
C'est plus que sous le quinquennat précédent (- 11,5 milliards d'euros sur la période 2014-2017, ndlr). La potion est donc encore plus amère que celle imposée auparavant.
Que répondez-vous à ceux qui vous reprochent d’être une force d’opposition comme une autre, que vous vous opposez «par nature» à la politique menée ?
Non. Nous sommes au contraire demandeurs d’une véritable négociation entre l’Etat et les collectivités territoriales.
Nous ne sommes pas des opposants mais des proposants. Nous regrettons seulement que, sur l’année qui vient de s’écouler, nous n’avons jamais pu nouer le dialogue avec l’Etat, qui est resté dans le déni des réalités difficiles que nous vivons dans les territoires, et donc celles que vivent les maires de France.
La colère des gilets jaunes a mis en lumière le sentiment d’abandon que peut ressentir la France des territoires par rapport à la France des villes, est-ce là un levier sur lequel vous comptez vous appuyer ?
Non, tout simplement parce que chacun est sur son registre. Ce qui est commun, en revanche, c'est le sentiment de relégation, le sentiment d'abandon et d'injustice.
Les maires de France, piliers de la République, ont d'autres modes d'organisation et de manifestation. Mais les maires feront entendre autant que possible les désespérances de nos communes.
François Baroin a déclaré que «s'il y a des désaccords», «ce qui importe, c'est qu'on puisse négocier». Sur quels points pensez-vous que les choses peuvent avancer ?
Je pense que nous pouvons avancer sur les points financiers, sur la réforme de la Constitution ou encore sur toute une série de sujets comme l’aménagement du territoire, l'Education, la question des désert médicaux, ou encore la formation professionnelle.
D'ailleurs, le Congrès des maires de France établira, jeudi 22 novembre, sur ma proposition, le cadre de négociation sur lequel il souhaite s’engager avec l’Etat.