En grande difficulté, les communes françaises espèrent être entendues par Emmanuel Macron. Mais l’exécutif ne semble pas prêt à reculer.
Des élus loin d’être convaincus. Dans un contexte de vives tensions avec les collectivités locales, Emmanuel Macron est attendu ce jeudi, Porte de Versailles, à Paris, pour clôturer le 100e Congrès des maires. Depuis mardi, plus de quinze mille élus sont réunis sur place pour débattre, entre autres, du projet présidentiel pour les communes.
Un déplacement à haut risque pour le chef de l’Etat. Car il n’avance pas en terrain conquis, les dernières municipales ayant eu lieu avant l’émergence de La République en marche. Il devra donc tenter de restaurer le dialogue, qui s’est dégradé depuis cet été.
Des élus en colère et en demande
«On est à l’os». La phrase prononcée en début de semaine par François Baroin, président de l’association des maires de France (AMF), est devenue le mot d’ordre des élus.
En cause, une succession d’annonces défavorables aux collectivités – à commencer par l’objectif de treize milliards d’euros d’économies, imposé sur cinq ans. Pour y parvenir, l’exécutif demande aux 319 plus importantes de limiter la hausse de leurs dépenses de fonctionnement à 1,2 % par an.
Une perte de ressources qui viendrait s’ajouter au gel des dotations de l’Etat. A tel point qu’en Mayenne, par exemple, une commune va devoir, face à l’absence des subventions annoncées, payer de sa poche des panneaux photovoltaïques, ou une autre annuler l’extension de sa salle des fêtes.
Autres reproches faits au président, qui a reçu mercredi 1 500 maires à l’Elysée : la réduction des emplois aidés, nombreux dans les communes, ou encore la suppression de la taxe d’habitation pour 80 % des foyers, alors que celle-ci constitue une recette précieuse pour les collectivités.
Autant de coups durs qui poussent les édiles à exiger davantage d’autonomie et de «décentralisation», selon François Baroin. Il attend ainsi d’Emmanuel Macron qu’il «corrige le tir» en matière de dotations, et qu’il comble le «déficit de considération vis-à-vis des élus». Quitte à saisir le Conseil constitutionnel pour contester les coupes budgétaires.
L’exécutif persiste et signe
Mais les attentes des édiles pourraient être déçues, car l’exécutif ne devrait, a priori, pas changer de cap. Si le chef de l’Etat a fait quelques gestes, ces derniers jours (cent millions d’euros débloqués pour aider les départements à financer le RSA, plan d’action pour les quartiers…), il devrait aujourd’hui confirmer les sacrifices réclamés aux collectivités. Le Premier ministre l’avait déjà sous-entendu, mardi, en leur annonçant que la baisse des APL, décriée par les collectivités, aura bel et bien lieu.
Sauf concessions d’un côté ou de l’autre, le bras de fer se poursuivra jusqu’aux municipales de 2020, lorsque LREM pourra présenter des candidats de sa couleur politique. Fidèles à Emmanuel Macron ?