Après Jean-Luc Mélenchon, c'est au tour de sa conseillère en communication Sophia Chikirou d'être entendue vendredi dans l'enquête sur les comptes de campagne de La France insoumise, qui dénonce «une nouvelle campagne d'affabulation» à son encontre.
La dirigeante de la société de conseil Mediascop est au coeur de cette enquête, soupçonnée d'avoir surfacturé ses prestations auprès du candidat Mélenchon dont elle était la directrice de communication lors de la campagne de 2017.
L'audition de Mme Chikirou par la police anticorruption (Oclciff) à Nanterre, intervient en plein psychodrame politique né d'une perquisition houleuse filmée mardi au siège de LFI et au lendemain de l'audition du leader de LFI.
«Nous répondrons aux questions. Nous sommes sereins car toutes les accusations sont fausses et cela ne pourra que devenir rapidement une évidence», a déclaré à l'AFP son avocat David Marais.
La Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) avait validé fin 2017 les comptes des 11 prétendants à l'Elysée, non sans avoir retranché certaines dépenses notamment pour Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen (FN) et fait un signalement à la justice.
Elle avait également saisi le parquet au sujet de dons privés au bénéfice de la campagne d'Emmanuel Macron, mais après analyse, ce signalement n'a pas donné lieu à des suites judiciaires. Elle avait en revanche jugé «acceptables» des rabais accordés par des prestataires de services au camp macroniste.
Au total, plus de 400.000 euros de dépenses de LFI, dont 54.600 euros facturés par Mediascop, avaient été exclus des frais que l'Etat rembourse aux candidats ayant totalisé plus de 5% des suffrages. Une autre association, «l'Ere du peuple», qui avait facturé au total 440.027 euros avait été visée.
Dans une enquête publiée vendredi, franceinfo est revenu sur ce dossier en évoquant des facturations de Mediascop «très élevées», pour un montant total de près de 1,2 million d’euros, «soit 11% du budget total de la campagne».
«Mediascop et Sophia Chikirou sont dans cette affaire des boucs émissaires», a réagi Jean-Luc Mélenchon dans un communiqué, en dénonçant une «nouvelle campagne d’affabulations», «à l'initiative de la radio d'Etat».
«Réservoir de liquidités»
Le député LFI Adrien Quatennens a critiqué de son côté des «supputations» de la part de la chaîne d'information.
«Il n'y a pas de surfacturation», a-t-il assuré sur BFMTV en comparant certaines dépenses de la campagne LFI avec celles de la campagne d'Emmanuel Macron, selon lui bien plus élevées. Il a notamment cité les «80.000 euros» facturés par Mediascop pour du conseil pendant «toute la campagne», quand «l'agence Jesus et Gabriel facturait à En marche «103.500 euros» sur «huit mois» pour le même service.
«C’est pas bien de mentir Adrien. Médiascop a facturé ses services 1,3 millions d’euros, pas 80.000 € (ça c’est le salaire de Chikirou)», a rétorqué dans un tweet la «Team Macron», qui soutient l'action d'Emmanuel Macron.
Mais pour Jean-Luc Mélenchon, «toutes ces enquêtes sont déclenchées sur l’initiative de gens politiquement engagés», en particulier Jean-Guy de Chalvron, l'un des deux rapporteurs de la Commission chargés de vérifier les dépenses du candidat LFI, déjà poursuivi pour dénonciation calomnieuse par LFI.
Après le signalement de la Commission, M. de Chalvron avait claqué la porte de cette dernière, estimant que les réserves qu'il avait émises sur 1,5 million d'euros, dans une lettre à la commission, n'avaient pas été prises en compte et que cette somme n'aurait donc pas dû être remboursée au parti.
A l'époque, «quand je la présente (la lettre) à la commission on me dit 'non, vous êtes trop dur', on ne peut pas dire ça'. Je dis : 'attention il y a des anomalies qui relèvent du domaine judiciaire, il y a du pénal, du prêt illégal de main d'oeuvre'», a-t-il raconté vendredi sur LCI.
Jeudi soir, il a réitéré ses accusations sur BFMTV en évoquant notamment des surfacturations pour «aider à la constitution d'un réservoir de liquidités à utiliser postérieurement».
«Sur Mediascop l'équipe de campagne a tout fait pour que ça soit complètement opaque», a-t-il affirmé.
Cette enquête préliminaire du parquet de Paris est menée parallèlement à une autre enquête, qui porte sur des emplois présumés fictifs d'assistants au Parlement européen.