Marine Le Pen s'est insurgée jeudi contre un examen psychiatrique ordonné par la justice, dans le cadre de l'instruction la visant pour avoir diffusé des photos d'exactions du groupe Etat islamique sur Twitter, une expertise pourtant prévue par la loi.
«C'est proprement hallucinant. Ce régime commence vraiment à faire peur», a écrit sur son compte Twitter la présidente du Rassemblement national (RN, ex-FN), qui a rendu elle-même publique cette mesure, en publiant l'ordonnance prévoyant cet examen. «Je croyais avoir eu droit à tout : eh bien non ! Pour avoir dénoncé les horreurs de Daesh par tweets, la 'justice' me soumet à une expertise psychiatrique ! Jusqu'où vont-ils aller ?!», a aussi tweeté la finaliste de la présidentielle en 2017.
Sollicité par l'AFP, le parquet de Nanterre a rappelé que Mme Le Pen avait été mise en examen pour «diffusion de message violent susceptible d'être vu ou perçu par un mineur», un délit réprimé à l'article 227-24 du code pénal. Pour ces infractions, la loi impose que les personnes poursuivies soient soumises à une expertise médicale - selon l'article 706-47-1 du code de procédure pénale.
«Régimes totalitaires»
Datée du 11 septembre, l'ordonnance demande de procéder à un examen psychiatrique de Marine Le Pen «dans les délais les plus brefs». Cet examen vise notamment à vérifier «si elle est en mesure de comprendre les propos et de répondre aux questions» et si «l'infraction reprochée au sujet est en relation avec des éléments factuels ou biographiques de l'intéressé».
Dans les couloirs de l'Assemblée, la députée a affirmé qu'elle ne se rendrait pas à cette expertise. «Je n'irai pas bien entendu me soumettre à cette expertise psychiatrique et j'attends de voir comment le magistrat entend m'y contraindre», a-t-elle déclaré.
La députée du Pas-de-Calais estime que cette mesure relève de régimes dictatoriaux. «Dans les régimes totalitaires c'est une des méthodes qui est utilisée contre les opposants. Les faire passer pour des fous» et «je commence à trouver ce régime un peu inquiétant», a-t-elle dit, soutenue dans ce sens par ses partisans sur Twitter.
Le chef de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon a estimé sur Twitter que ce n'était «pas avec des méthodes pareilles qu'on fera reculer l'extrême droite». Celui qui avait qualifié Mme Le Pen de «semi-démente» pendant la campagne de 2012 a exprimé son «désaccord total avec la psychiatrisation de la décision politique». «Madame Le Pen est politiquement responsable de ses actes politiques», a-t-il estimé.
Tollé en 2015
Marine Le Pen avait tweeté le 16 décembre 2015 des photos d'exactions de Daesh, en réponse au journaliste Jean-Jacques Bourdin qu'elle accusait d'avoir «fait un parallèle» entre Daesh et le FN. Évoquant un «dérapage inacceptable» et des «propos immondes», Mme Le Pen avait posté sur son compte trois photos mentionnant l'animateur de BFMTV-RMC avec le texte «Daesh c'est ça !». Les photos montraient un soldat syrien écrasé vivant sous les chenilles d'un char, un pilote jordanien brûlé vif dans une cage et une photo du journaliste américain James Foley, le corps décapité et la tête posée sur le dos.
Quelques semaines après les pires attentats jamais commis en France, ces publications avaient immédiatement soulevé un tollé au sein de la classe politique mais aussi au-delà. Le parquet de Nanterre avait lancé le jour même une enquête pour «diffusion d'images violentes» suite à un signalement des clichés par le ministre de l'Intérieur d'alors.