Un ancien policier sud-africain, auteur d'un livre récemment publié accusant des membres importants du régime de l'apartheid d'avoir organisé un cercle pédophile dans les années 1980, a été retrouvé mort lundi soir.
Mark Minnie, âgé de 58 ans, a été découvert avec une blessure par balle à la tête derrière un buisson, dans la ferme de l’un de ses amis, dans la province d’Eastern Cape.
Dans son livre, publié le 5 août, «The Lost Boys of Bird Island» (Les garçons perdus de l’île aux oiseaux), Minnie dévoilait un réseau de pédophilie mis en place notamment par Magnus Malan, le très puissant ministre de la Défense sud-africain dans les années 80, au moment de l’apartheid, mais aussi par trois autres ministres et un riche homme d’affaires.
Selon ces révélations, ils kidnappaient de jeunes garçons, généralement métis, dans les rues, avant de les emmener sur l’île Bird, une réserve naturelle située près de Port Elizabeth, où ils se livraient à des sévices sexuels sur leurs victimes. Le livre évoque ces comportements en mentionnant certaines anecdotes particulièrement sordides conduisant parfois les enfants à des blessures graves.
Magnus Malan ainsi que la plupart des autres hommes accusés par le livre de Mark Minnie sont morts. Seul un des ministres ayant participé au réseau est encore en vie, mais son nom n’est pas cité dans l’ouvrage, de peur des poursuites.
Minnie, qui travaillait sur ce dossier depuis très longtemps, avait émigré en Chine, où il travaillait comme enseignant, en raison de menaces pesant sur sa vie, avait-il expliqué. Une version accréditée par la journaliste Marianne Thamm, qui avait aidé à la publication du livre-enquête.
Il était revenu, en dépit de ces menaces, en Afrique du Sud à l’occasion du lancement du livre, coécrit avec le journaliste d’investigation Chris Stein.
Une lettre d'adieu
Selon les déclarations de la porte-parole de la police à Port-Elizabeth, Priscilla Naidu, une enquête a été ouverte. Elle a également révélé qu’une «arme à feu» et une «lettre d’adieu» avaient été retrouvés à proximité du corps, laissant penser à un suicide. «À ce stade, aucun acte criminel n’est suspecté», a ajouté la police par voie de communiqué.
Une version à laquelle ne croient pas les proches de Mark Minnie. Son éditeur, Tafelberg a ainsi assuré que Mark Minnie n’en était qu’au début de ses investigations, et qu’il entendait continuer son travail. Aucun élément récent ne laissait donc penser qu’il envisageait de mettre fin à ses jours.
Tafelberg Publishers were shocked to hear of the sudden death of #MarkMinnie, co-author of The Lost Boys of #BirdIsland, one week after the release of the book. #Tafelberg’s last contact with Minnie was on Sunday night, but he had been out of reach since Monday morning. pic.twitter.com/xttPDhuN0s
— NB Publishers (@NBPublishers) 14 août 2018
Le journaliste Chris Stein a pour sa part assuré qu’il continuerait à travailler sur ce sujet, arguant que Mark Minnie «aurait voulu» qu’il continue. «Et c’est exactement ce que je vais faire» martèle-t-il.