Emmanuel Macron a demandé «pardon» à la veuve de Maurice Audin en venant lui remettre jeudi une déclaration reconnaissant que le militant communiste, disparu en 1957, était mort sous la torture du fait d'un «système légalement institué» alors en Algérie par la France.
«C'est à moi de vous demander pardon, donc vous ne me dites rien. On restaure un peu de ce qui devait être fait», a dit le chef de l'État à Josette Audin lorsque celle-ci a voulu le remercier pour cette déclaration à son domicile de Bagnolet (Seine-Saint-Denis). «C'est la part de reconnaissance de ce que nous vous devons, la reconnaissance de votre combat», a-t-il ajouté, avant d'embrasser la veuve.
Quelques minutes plus tôt, il a salué Josette Audin pour «n'av[oir] jamais cédé pour faire reconnaître la vérité». «La seule chose que je fais, c'est la reconnaître», a-t-il expliqué.
Dans une déclaration qu'il a remis à Madame Audin, le président «reconnaît, au nom de la République française, que Maurice Audin a été torturé puis exécuté ou torturé à mort par des militaires qui l'avaient arrêté à son domicile», le 11 juin 1957. «Il reconnaît aussi que si sa mort est, en dernier ressort, le fait de quelques-uns, elle a néanmoins été rendue possible par un système légalement institué», continue le texte, alors que la trace du mathématicien et militant communiste, suspecté d'avoir aidé le Front de libération nationale (FLN), était perdue dix jours après son arrestation.
Face à la veuve de Maurice Audin, Emmanuel Macron a confirmé l'ouverture des archives sur le sujet des disparus civils et militaires, français et algériens. «Ce sera un travail énorme mais salutaire. La dérogation est bonne pour tout le monde : Français, Algériens, pieds noirs. Tout le monde a intérêt à connaître la vérité», a souligné le chef de l'État. Il a affirmé en avoir parlé au président algérien Bouteflika lors de sa visite : «Il a été touché. Il comprend qu'on ne peut pas rester sur cette situation», a-t-il conclu.