Emmanuel Macron va reconnaître jeudi que le mathématicien Maurice Audin, disparu en 1957, est «mort sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France», a annoncé l'Elysée.
Le chef de l'Etat remettra une déclaration en ce sens à la veuve de Maurice Audin et annoncera «l'ouverture des archives sur le sujets des disparus civils et militaires, français et algériens».
«Le président s’attachera à faire de ce moment un moment non pas d’accusation, mais un moment de vérité, un moment où on regarde l’histoire en face, et où on prend bien garde à ne pas jeter le blâme sur tout le monde sans distinction, mais on invite tout le monde à parler et panser les plaies», a déclaré Cédric Villani, lauréat 2010 de la médaille Fields et impliqué de longue date pour obtenir cette reconnaissance.
Faisant un parallèle avec le discours du Vélodrome d'hiver de Jacques Chirac en 1995, Cédric Villani estime que «la Nation, peut-être après un temps qui était nécessaire pour qu'on ose regarder les choses en face, se dit que c'est le moment, pour avancer vers le futur, de voir la vérité, de reconnaître le rôle que l'Etat a eu en laissant l'armée agir sans contrôle sur bien des actions».
Au-delà du seul cas de Maurice Audin, «il s'agit de penser à tous les disparus dans tous les camps», a souligné le député LREM qui espère également une «ouverture de toutes les archives».
«La reconnaissance imminente par le président de la République de l'assassinat, sous la torture de l'armée française, du mathématicien communiste Maurice Audin est une victoire historique de la vérité et de la justice», a salué dans un tweet le secrétaire national du PCF Pierre Laurent, se réjouissant qu'un «mensonge d'État qui durait depuis 61 ans tombe».
Contactée par l'AFP, la veuve de Maurice Audin, Josette Audin, n'a pas souhaité réagir dans l'immédiat.
La disparition de Maurice Audin est l'une des plus mystérieuses de la guerre d'Algérie. Le 11 juin 1957, cet assistant de mathématiques à la faculté d'Alger et membre du Parti communiste algérien, suspecté d'aider le FLN, était arrêté, probablement par des parachutistes du général Jacques Massu, pendant la bataille d'Alger. Sa trace était perdue dix jours plus tard.
Aucune explication officielle ne sera donnée sur la disparition de ce père de trois enfants, si ce n'est «son évasion au cours d'un transfert».