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Nouvelles révélations sur la mort de Maurice Audin ?

Le mathématicien français Maurice Audin, sur une photo non datée [- / AFP/Archives] Le mathématicien français Maurice Audin, sur une photo non datée [- / AFP/Archives]

Maurice Audin, le jeune mathématicien communiste disparu à Alger en juin 1957 après avoir été arrêté par des militaires français et officiellement porté disparu après une évasion, a en fait été tué par un parachutiste, affirme un livre qui vient de paraître.

Dans "La vérité sur la mort de Maurice Audin" (Equateurs), le journaliste Jean-Charles Deniau, après une enquête menée notamment auprès du général Paul Aussaresses, apporte une réponse cohérente et argumentée à l'une des dernières grandes énigmes de la guerre d'Algérie.

Il conclut que Maurice Audin, 25 ans, a été tué par un sous-officier français sur ordre du général Jacques Massu, patron de la 10e division parachutiste (DP) pendant la bataille d'Alger. Un ordre répercuté par Paul Aussaresses, alors officier de renseignements au 1er régiment de chasseurs parachutistes (RCP), l'un des quatre régiments de la 10e DP.

Pour la Ligue des droits de l'Homme, "il est plus que temps que les plus hautes autorités, comme les différentes institutions de la société, reconnaissent" cette thèse.

Jean-Charles Deniau a expliqué à l'AFP avoir basé ses conclusions en grande partie sur une série d'une vingtaine d'entretiens au domicile alsacien du général Aussaresses, entre 2011 et 2013. Défenseur de l'usage de la torture durant la guerre d'Algérie, conflit dont il était l'un des derniers acteurs, celui-ci est décédé le 3 décembre dernier à l'âge de 95 ans.

L'auteur a rencontré aussi des militaires qui servirent sous les ordres de Paul Aussaresses, alors commandant, au sein d'un commando d'une vingtaine d'appelés du 1er RCP. Ces parachutistes furent chargés de torturer, notamment à la "gégène", des militants arrêtés, du FLN, du PCF et du PCA (Parti communiste algérien) comme Maurice Audin et Henri Alleg, et de l'exécution sommaire par balle, par pendaison ou à l'arme blanche de nombre d'entre eux.

Arrêté à son domicile à Alger le 11 juin 1957, en présence de sa femme Josette, par des parachutistes, Maurice Audin est soupçonné d'héberger des membres de la cellule armée du PCA. Il est alors torturé à plusieurs reprises dans une villa d'El Biar, un des quartiers d'Alger, en compagnie de Henri Alleg, futur auteur de "La Question", livre dénonçant la torture.

 

Son corps n'a jamais été retrouvé

 

Dix jours plus tard, Josette Audin apprend officiellement que son mari s'est évadé lors d'un transfert. Les autorités françaises ont toujours soutenu cette version.

En fait, le commandant Aussaresses, sur ordre de Massu, a demandé à son commando d'exécuter Maurice Audin en faisant croire à son évasion. Maurice Audin sera poignardé, puis enterré très probablement dans la grande banlieue d'Alger. Son corps n'a jamais été retrouvé.

"La thèse de Jean-Charles Deniau est vraisemblable", a dit vendredi à l'AFP Josette Audin, la veuve du mathématicien qui a toujours remué ciel et terre pour faire la lumière sur sa disparition.

Le 1er février 2013, elle avait reçu des mains du ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian, un dossier d'archives sur son mari après avoir demandé six mois auparavant à François Hollande que "l'on puisse trouver des réponses dans ces archives et que les circonstances de la mort" de son mari "soient reconnues et condamnées".

"Il n'y a rien de nouveau dans ce dossier", a-t-elle assuré, persuadée que "les militaires, puis les différents ministres n'ont rien laissé dans le dossier".

Mais Josette Audin regrette ne pas avoir rencontré Jean-Charles Deniau et "s'indigne qu'il ait publié son livre en utilisant le nom de son mari".

Interrogé par l'AFP, Olivier Frébourg, directeur des Editions des Equateurs a répondu qu'il avait joint Michèle, la fille de Maurice et Josette Audin "pour leur proposer de les rencontrer en présence de l'auteur afin de leur communiquer avant parution les nouvelles informations en notre possession".

"Josette Audin, dont je respecte infiniment le combat en faveur de la vérité, a décliné mon invitation", assure M. Frébourg.

"La vérité sur la mort de Maurice Audin" (Equateurs, 268 pages, 20 euros)

 

 

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