Une Française de 37 ans a été condamnée vendredi à Paris à sept ans de prison pour avoir incité, depuis Marseille (Bouches-du-Rhône), des jeunes filles à rejoindre Daesh en Syrie, entre 2014 et 2016. Le tribunal correctionnel a assorti la peine d'une période de sûreté des deux tiers.
Nadia A. a été jugée coupable d'avoir «fait la publicité» des thèses de Daesh et du jihad en Syrie, auprès «principalement auprès de jeunes femmes influençables» sur les réseaux sociaux. Elle a également été condamnée pour avoir «facilité» le départ en Syrie de Myriam B., presque majeure fin 2014, notamment en l'hébergeant à Marseille, juste avant son départ.
«Vous aviez manifestement une influence extrêmement poussée pour que de jeunes filles en contact habituel avec vous partent ou souhaitent partir», a lancé la présidente du tribunal à Nadia A., déjà condamnée l'an dernier par la cour d'appel de Paris à un an de prison pour des menaces de mort à l'encontre d'une codétenue à Fleury-Mérogis (Essonne). Elle a depuis changé de prison.
Dans son jugement, le tribunal a dépassé les réquisitions du parquet. L'accusation avait, en effet, demandé cinq ans de prison, dont un avec sursis et mise à l'épreuve, décrivant la «fascination pour Daesh» d'une femme alors «incontournable sur la jihadosphère» et qui «apparaissait un peu comme une matrone sur les réseaux sociaux».
De son côté, l'avocat de la trentenaire, Adrien Sorrentino, avait demandé sa relaxe, estimant qu'«aucun élément matériel» dans le dossier ne prouvait qu'elle incitait au jihad en Syrie ni n'indiquait précisément qui elle aurait aidé à partir.
Myriam B. condamnée à la peine maximale
L'accusée a soutenu qu'elle n'avait jamais conseillé le jihad en Syrie, tout au plus vers des pays comme l'Algérie ou le Maroc. Elle a racontait qu'elle conversait avec ces jeunes sur Twitter à la faveur des «rappels» théologiques qu'elle publiait, «une passion», a-t-elle expliqué, ou «des histoires d'amour entre compagnons, entre prophètes».
Myriam B., qui se faisait appeler «La terroriste» sur le réseau social, avait rejoint en Syrie Mickaël Dos Santos, un Français qu'elle avait épousé via Skype. Ce dernier apparaît sur des images d'exactions jihadistes. Visée par un mandat d'arrêt, la jeune femme a été condamnée par défaut à dix ans de prison, la peine maximale.
Nadia A. a assuré qu'elle ignorait ses intentions, malgré environ 300 appels téléphoniques en deux mois. Elle dit avoir été «choquée» par les départs en Syrie de certaines connaissances, maintenant que ceux qui ont sauté le pas étaient «ignorants». Elle a aussi condamné les attentats jihadistes commis sur le sol français.
Cette femme au parcours chaotique, qui a quitté l'école avant le bac, contracté le VIH après avoir été violée puis souffert, selon son avocat, d'un cancer, s'était passionnée pour l'islam dès 2013. Elle avait commencé par porter le voile, puis le niqab. En 2015, elle s'était mariée par téléphone avec un jihadiste, puis l'avait quitté. Depuis, l'homme a été condamné pour un séjour en Syrie en 2014 et leur fils de deux ans a été placé dans une famille d'accueil.