L'annonce de la décision de Nicolas Hulot de quitter le gouvernement, ce mardi 28 août, a suscité des réactions contrastées à travers la classe politique.
Si le président de la République n'a pas encore commenté cette démission surprise, son entourage a affirmé à l'AFP que «Nicolas Hulot peut être fier de son bilan», et que «la détermination reste totale pour poursuivre avec le même niveau d'ambition». Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a de son côté exprimé sa déception, notamment sur Twitter.
L’écologie est un travail de longue haleine, les transformations ne se font pas en une année, @N_Hulot le sait. J’aurais aimé qu’il reste.
L’action qu’il a engagée est utile pour les Français et sera poursuivie.— Benjamin Griveaux (@BGriveaux) 28 août 2018
Le président de l'Assemblée Nationale, François de Rugy a salué l’action de Nicolas Hulot «depuis 15 mois au sein du gouvernement pour enclencher des transformations écologiques profondes», et a assuré «respecter» sa décision.
Je respecte la décision de @N_Hulot même si je la regrette. Je salue son action depuis 15 mois au sein du gouvernement pour enclencher des transformations écologiques profondes : plus que jamais, celles-ci doivent être accomplies avec engagement, persévérance et détermination.
— François de Rugy (@FdeRugy) 28 août 2018
Barbara Pompili, parfois citée pour remplacer Nicolas Hulot, estime que cette décision est «un appel à la réflexion et à l’action sur les enjeux vitaux du climat et de la biodiversité».
La décision difficile et intime de @N_Hulot est avant tout un appel à la réflexion et à l’action -individuelles et collectives- sur les enjeux vitaux du climat et de la biodiversité.
Récupération ou jugement hâtif ne seraient pas à la hauteur des défis. #Twitteroff pr aujourd’hui— Barbara Pompili (@barbarapompili) 28 août 2018
Ségolène Royale, pour sa part, «respecte le choix de Nicolas Hulot». Elle-même ancienne ministre de l’Environnement, estime que «la France doit garder le leadership climatique et être au combat avec les forces vives de la planète qui espèrent».
Je respecte le choix de Nicolas Hulot. Il prouve que les batailles pour l’Environnement, je le sais d’expérience, sont très difficiles mais tellement cruciales. La France doit garder le leadership climatique et être au combat avec les forces vives de la planète qui espèrent
— Ségolène Royal (@RoyalSegolene) 28 août 2018
Le maire LR de Bordeaux, Alain Juppé, a, quant à lui, publié un message de soutien à l'écologiste, appelant à une prise de conscience générale sur les enjeux environnementaux, au-delà du buzz politique.
J’écoute Nicolas Hulot qui annonce son départ du gouvernement. Je suis impressionné par sa hauteur de vue et la noblesse de sa démarche. J’espère qu’au delà du buzz politique inévitable, cette décision nous incitera tous à réfléchir et à changer.
— Alain Juppé (@alainjuppe) 28 août 2018
Mais la vision à long terme de l'ex-Premier ministre n'est visiblement pas partagée par l'ensemble de son camp. Alors que Nicolas Hulot a appelé, ce matin sur France Inter, à «éviter les récupérations politiques», la porte-parole de LR Lydia Guirous a profité de sa démission pour tacler le président Emmanuel Macron.
Comment ne pas comprendre la décision de Nicolas #Hulot? Il était sincère et engagé et en a eu assez d’être trahi, instrumentalisé par .@EmmanuelMacron . Un sentiment que beaucoup de Français partagent.
— Lydia Guirous (@LydiaGuirous) 28 août 2018
Quant à l'ancien président Nicolas Sarkozy, il a assuré sur France Culture que la décision de l'ex-ministre était secondaire, comparé à ce qu'il considère comme de vrais enjeux. «Qu'il y ait Monsieur Hulot ou pas, la question de l'immigration est centrale. Qu'il y ait Monsieur Hulot ou pas, la question du montant des impôts qu'on paye ou pas est centrale, c'est tellement plus important», a-t-il affirmé.
À gauche, la décision de l'ex-animateur de télévision est unanimement saluée. Pour la France Insoumise, c'est aussi l'occasion d'attaquer Emmanuel Macron, comme l'ont fait le chef de file du mouvement, Jean-Luc Mélenchon, et plusieurs députés, comme Alexis Corbière.
La démission de Nicolas #Hulot fonctionne comme un vote de censure contre Macron. Il confirme le diagnostic de mon discours de samedi. La macronie commence sa décomposition.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 28 août 2018
Coup de tonnerre sur la Macronie. #Hulot démissionne pour sanctionner tout ce qu'il refuse de cautionner encore ! Nos critiques du gouvernement sur l'Ecologie, nucléaire, et le modèle économique étaient donc justes. Avec Macron, à chaque mois sa crise, bientôt chaque semaine ?
— Alexis Corbière (@alexiscorbiere) 28 août 2018
Sans citer explicitement le président de la République, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a lui aussi accusé le pouvoir d'avoir abandonné l'écologie, appelant «la gauche» - sans préciser laquelle - à reprendre le flambeau.
Ne plus mentir, ne plus se mentir. N.Hulot nous parle d’une trahison. Celle d’un pouvoir qui a abandonné toute référence au progressisme et à l’écologie. Les masques sont tombés un à un. À la gauche de relever le drapeau d’un nouveau modèle de développement.
— Olivier Faure (@faureolivier) 28 août 2018
L'ex-candidat à la présidentielle Benoît Hamon a, de son côté, vanté le courage de Nicolas Hulot, et insisté sur le rôle problématique des lobbys, qui empêchent selon lui la transition écologique.
Je salue la décision courageuse de @N_Hulot qui dévoile la réalité du pouvoir sans précédent de l’argent et des lobbys à l’intérieur même du gouvernement qui bloque la transition écologique indispensable.
— Benoît Hamon (@benoithamon) 28 août 2018
Enfin, plusieurs députés RN ont vu dans la décision de Nicolas Hulot une manifestation de l'hypocrisie supposée d'Emmanuel Macron en matière d'écologie. «Hulot montre que les préoccupations écologiques de Macron n'étaient qu'une posture», a ainsi affirmé Nicolas Bay au Monde.