Son prénom reste dans toutes les mémoires : il y a un an, Maëlys, 8 ans, disparaissait lors d'une fête de mariage à Pont-de-Beauvoisin. Il faudra près de six mois pour obtenir les aveux du meurtrier présumé. Et bien des zones d'ombre demeurent.
Pour commémorer ce tragique anniversaire, une marche blanche est organisée lundi après-midi dans cette commune de l'Isère à l'appel des parents de la fillette, un an jour pour jour après sa disparition, dans la nuit du 26 au 27 août 2017.
Cette nuit-là, vers 03h00, Maëlys De Araujo, jolie petite fille brune en robe blanche, se volatilise. Sa famille la cherche pendant une heure avant d'alerter les gendarmes.
Dès le lendemain, les enquêteurs privilégient la thèse criminelle. Trois chiens pisteurs s'arrêtent au même endroit sur le parking de la salle des fêtes où se déroulait la noce. Maëlys a pu monter dans une voiture, un prédateur croiser sa route....
Très vite, le 31 août, Nordahl Lelandais, un ancien militaire de 34 ans, est placé en garde à vue. Invité sur le tard au mariage, cet homme retourné vivre chez ses parents à Domessin (Savoie) s'est absenté de la fête au moment de la disparition.
Le 3 septembre, une trace ADN de l'enfant est trouvée dans son véhicule. Il est mis en examen pour «enlèvement» et incarcéré.
Les nombreux plans d'eau de la région, dont le lac d'Aiguebelette fréquenté par Lelandais, sont sondés sans relâche.
Coup de théâtre
Les soupçons s'accumulent mais le trentenaire fournit à chaque fois une explication : Maëlys est montée avec un petit garçon dans sa voiture pour voir si un chien s'y trouvait, il a quitté la soirée pour changer un short taché de vin, il a récuré de fond en comble son auto le lendemain parce qu'il voulait la vendre...
Puis le procureur de Grenoble révèle qu'une caméra a enregistré l'image de Maëlys dans l'Audi du suspect et celle de la même voiture, sans Maëlys, sur le chemin du retour, à l'heure de sa disparition.
Lelandais est mis en examen pour «meurtre» mais nie toute implication dans la mort de Maëlys.
Il se mure dans le silence. Avant un coup de théâtre. Le 14 février, une trace de sang de la fillette est découverte sous un tapis de sol de sa voiture. Acculé par les preuves matérielles, Lelandais avoue le meurtre «involontaire» de l'enfant et conduit les enquêteurs jusqu'aux restes de Maëlys dans le massif de la Chartreuse. Deux jours plus tard, il est hospitalisé en psychiatrie près de Lyon.
L'ex-militaire raconte avoir porté un coup au visage de la fillette alors qu'elle paniquait dans sa voiture. Il l'aurait ensuite déposée dans un cabanon près de chez ses parents avant de transporter son corps dans la montagne.
Pourquoi et comment Maëlys est-elle morte ? Squelette et vêtements de la fillette ont été passés au crible mais les circonstances exactes de son décès restent un mystère. Après ses premiers aveux, Lelandais se tait. «Une double peine» pour les parents de la petite fille, selon leur avocat.
Le long séjour du corps de l'enfant dans la montagne rend difficiles les expertises médico-légales.
Serial killer ?
Une chose est sûre, Nordahl Lelandais a consulté des sites pédopornographiques le soir de la disparition de la fillette et le lendemain matin.
Maëlys a été tuée par accident, clame-t-il, comme il le fera pour le caporal Arthur Noyer, disparu en avril 2017 à Chambéry. Fin mars, il a reconnu lui avoir «porté des coups» lors d'une bagarre qui a entraîné la chute fatale du jeune chasseur alpin. Il est mis en examen pour «assassinat».
Début juillet, nouveau rebondissement. Lelandais est mis en examen une troisième fois. Pour «agression sexuelle» sur une cousine de 6 ans. Ces attouchements se seraient produits une semaine avant la tragique fête de mariage. Et ses téléphones sont remplis de fichiers pédopornographiques.
Les experts psychiatres jugent Nordahl Lelandais «pervers mais sans maladie mentale», présentant une «dangerosité criminologique». Le 10 juillet, il a quitté sa cellule médicalisée pour retrouver la prison.
Certains médias parlent déjà de «serial killer». Une cellule de la gendarmerie baptisée Ariane tente de recouper son parcours de vie et les disparitions non élucidées. Pas moins de 900 dossiers ont ainsi été regroupés...
Les obsèques de Maëlys ont été célébrées le 2 juin à Pont-de-Beauvoisin. Celles d'Arthur Noyer se dérouleront le 7 septembre à Bourges. Ses parents avaient assisté à l'inhumation de la petite fille.