Jeudi matin, vers 10h, Jonathann Daval va être entendu par par le juge d’instruction Rodolphe Uguen-Laithier au tribunal de grande instance de Besançon. De nombreuses zones d’ombre restent à éclaircir dans cette affaire complexe et tragique.
Le 30 janvier dernier, Jonathann Daval avouait avoir étranglé sa femme, Alexia, puis l’avoir déposée le lendemain matin, vers 8h, dans un bois d’Esmoulins, près de Gray (Haute-Saône), non loin de leur domicile.
Quelques heures avant le drame, le couple avait dîné chez les parents de la victime à Gray, partageant une simple raclette en famille. Mais à leur retour, Jonathann et Alexia se seraient disputés, toujours autour du même sujet : le désir d’enfant d’Alexia. «Le couple, qui avait des difficultés à avoir un enfant, connaissait en effet de vives tensions», avaient précisé des sources à l'AFP.
Que s’est-il réellement passé ?
«Cette fille-là, à son âge et vu ses attentes, il lui fallait un mec. Un vrai mec. Un mec qui assurait. Et elle, elle lui reprochait : 'T'es impuissant, tu bandes pas, t'es une merde'», avait déclaré Me Randall Schwerdorffer, l’avocat de Jonathann Daval, qualifiant la jeune femme de «dominante», face à qui l'homme «dégage» s'il «n'est pas au niveau». Le pénaliste affirme que Jonathann Daval aurait craqué durant «une crise de trop». Jonathann aurait étranglé Alexia en «tentant de la maîtriser» durant cette fameuse crise, et il affirme l'avoir fait «accidentellement». «On ne peut pas étrangler quelqu'un par accident, estime Stéphane Bourgoin, spécialiste des tueurs en série. Il faut 5 à 6 minutes pour tuer quelqu'un en l'étranglant ainsi qu'une sacrée volonté.»
Selon Me Florand, l’avocat des parents d'Alexia, qui doute lui aussi qu'un étranglement puisse être accidentel, ces derniers ignoraient totalement d’éventuelles violences au sein du couple de leur fille, qui suivait un traitement pour l'aider à tomber enceinte. Toujours est-il que cet élément de l’affaire reste à élucider pour les enquêteurs, qui n’ont pas eu de détails précis sur les circonstances de la mort de la jeune femme.
Alexia était-elle réellement en tenue de joggeuse ?
Alexia Daval a été retrouvée habillée en joggeuse. Les enquêteurs en ont donc déduit que son mari l’avait lui-même habillée en tenue de sport pour faire croire, le lendemain, qu’elle avait été tuée durant son footing (il avait notamment envoyé des SMS à sa belle-famille en se faisant passer pour Alexia et en leur faisant croire qu’elle partait courir). Mais le tueur présumé a déclaré aux enquêteurs qu’Alexia s’était mise à l’aise en rentrant de leur soirée raclette, en enfilant un short et un sweat-shirt. Suite à son geste irrémédiable, Jonathann Daval n’aurait donc fait que lui mettre ses chaussures de sport aux pieds. Cette partie du récit des faits reste encore à éclaircir.
Qui a brûlé le corps ?
Autre élément troublant de l’affaire : si Jonathann Daval a reconnu avoir étranglé son épouse, il affirme en revanche ne pas être à l’origine de l’incendie du corps de la jeune femme. En effet, le cadavre d’Alexia a été retrouvé partiellement brûlé et dissimulé sous des branchages, le 30 octobre 2017. Selon l'avocat de Jonathann, son client «n'a jamais essayé de mettre le feu au corps d'Alexia». Mais alors, qui l’a fait ? Le mari a-t-il bénéficié d’un complice ?
«Pourquoi leur gendre est-il passé à l’acte ? Comment a-t-il tué leur fille ? Qu’a-t-il fait du corps pendant une douzaine d’heures ? C’est un nouveau Jonathann, calculateur et violent, l’homme le plus détesté des Français aujourd’hui, que les parents découvrent…», avait expliqué Jean-Marc Florand, estimant que les aveux de l'informaticien «ne collent pas à la réalité».
Reste à savoir si, comme Nordahl Lelandais qui a refusé de parler, Jonathann Daval choisira de garder le silence ou non.