Après les aveux de Nordahl Lelandais dans l’affaire Maëlys et ceux de Jonathann Daval au sujet du meurtre d’Alexia Daval, leurs avocats respectifs ont rapidement pris la parole et ont été très médiatisés. Au point d’être rappelés à l’ordre.
Du côté de Me Jakubowicz, avocat de Nordahl Lelandais, il lui est reproché d’avoir donné des détails sur le comportement de son client lors des recherches du corps de Maëlys, petite fille de 8 ans, disparue à Pont-de-Beauvoisin (Isère). «Nous avons rebroussé le chemin, nous sommes remontés à cet endroit (…) On est dans un moment important, il s’est effondré à genoux et en larmes (…) Il a dit 'je voulais m’adresser à Maëlys et je voulais revenir sur ce lieu', ce lieu qui s’est avéré être l’endroit où il a abandonné le corps de cette petite fille», a déclaré devant la presse, Me Jakubowicz.
«Violations répétées et inadmissibles du secret de l'instruction»
Quant à Me Schwerdorffer, avocat de Jonathann Daval, il avait créé la polémique sur le respect du secret de l’instruction en se confiant dans l’émission «Sept à huit», animée par Harry Roselmack. Il avait notamment exprimé ses doutes sur la sincérité de son client, qui a finalement reconnu le 30 janvier avoir étranglé sa femme et déposé le corps dans un bois de Haute-Saône, en octobre dernier.
Un comportement que la procureure de Besançon avait fustigé. Edwige Roux-Morizot avait dénoncé la «surenchère médiatique» autour de l’affaire d’Alexia Daval et dénoncé les «violations répétées et inadmissibles du secret de l’instruction».
Me. Randall Schwerdorffer et le deuxième avocat de Jonathann Daval, Me Ornella Spatafora, ont été rappelés à l’ordre et convoqués par le bâtonnier de Besançon. «Un avocat ne peut pas décider de s'exprimer tous azimuts dans la presse sur un dossier en cours d'instruction», avait rappelé le représentant local de l’Ordre des avocats, Me Christophe Carré.
Un rappel à l'ordre pour les avocats de Jonathann Daval
Cette convocation fait suite à plusieurs de leurs déclarations alors que leur client était toujours en garde à vue. Me Randall Schwerdorffer avait évoqué «des éléments qui posent de véritables questions» et le fait que «Jonathann n’est pas soupçonné par hasard» et Me Ornella Spatafora avait déclaré s’attendre «à une mise en examen».
Me Christophe Carré leur a rappelé l’article 63-4-4 du code de la procédure pénale qui précise que «sans préjudice de l'exercice des droits de la défense, l'avocat ne peut faire état auprès de quiconque pendant la durée de la garde à vue ni des entretiens avec la personne qu'il assiste, ni des informations qu'il a recueillies en consultant les procès-verbaux et en assistant aux auditions et aux confrontations.»
Pour Me Christiane Féral-Schuhl, présidente du Conseil national des barreaux (CNB) interrogée par LCI, les avocats «ne doivent pas manquer à leurs règles déontologiques (secret professionnel, secret de l’instruction). Le judiciable ne doit pas se retrouver dans une situation où, par la parole de son avocat, il perdrait les avantages de sa garantie».