Le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin, visé par une plainte pour viol, a été entendu lundi par les enquêteurs dans le cadre d'une «audition libre».
Le parquet de Paris a rouvert le 22 janvier une enquête préliminaire visant M. Darmanin pour des faits présumés datant de 2009, que l'intéressé conteste catégoriquement.
L'enquête, confiée à la police judiciaire, avait été initialement ouverte après une plainte déposée en juin 2017 puis classée sans suite car la plaignante avait refusé de répondre aux convocations des enquêteurs.
Les investigations avaient été relancées après l'envoi d'un nouveau courrier par la plaignante au parquet de Paris courant janvier. Cette femme de 46 ans, Sophie Patterson Spatz, avait ensuite été entendue le 25 janvier.
Selon le journal Le Monde, Mme Patterson Spatz s'était adressée en 2009 à M. Darmanin, alors jeune chargé de mission au service des affaires juridiques de l'UMP, pour tenter de faire annuler une condamnation prononcée à son encontre en 2004 pour des faits de chantage et d'appels malveillants contre un de ses anciens compagnons.
D'après le quotidien, M. Darmanin, aujourd'hui âgé de 35 ans, lui aurait fait miroiter son appui auprès de la Chancellerie en échange de faveurs sexuelles.
L'ombre de l'affaire Weinstein
Dans le sillage de l'affaire Weinstein aux Etats-Unis ayant provoqué une onde de choc mondiale, c'est le ministre lui-même qui avait révélé mi-janvier avoir été visé par une enquête au printemps 2017. Il avait affirmé avoir été l'objet d'accusations «d'abus de faiblesse, d'abus de pouvoir, voire de viol».
M. Darmanin, poids lourd du gouvernement, avait alors affirmé avoir déposé une plainte en dénonciation calomnieuse pour répondre à des allégations «infâmes».
Fin janvier, des féministes avaient lancé une pétition demandant au Premier ministre Edouard Philippe de démettre M. Darmanin de ses fonctions.
Le chef du gouvernement avait assuré son ministre de sa confiance après l'annonce de la réouverture de l'enquête.
Un autre poids lourd du gouvernement, le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, a été mis en cause la semaine dernière dans un article d'Ebdo pour des violences sexuelles. Le ministre a décidé de porter plainte en diffamation contre ce journal, ont annoncé lundi ses avocats.
Les auteurs de l'article faisaient notamment état d'une plainte pour viol déposée en 2008 contre l'ancien animateur de télévision concernant des allégations remontant à 1997. La plainte a été classée sans suite, les faits étant prescrits, selon le parquet de Saint-Malo.