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Assemblée nationale : duels à l'épée, gifles, injures... Quand les députés se battaient dans l'hémicycle

L'Assemblée nationale a été le théâtre de nombreuses altercations au fil des années. [Miguel MEDINA/AFP]

Alors que le ton montait autour de la proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites de La France Insoumise, le député MoDem Nicolas Turquois s'en est pris au socialiste Mickaël Bouloux, qui l'a repoussé avec la main. Une altercation qui rappelle d’autres tumultes s’étant produits au Palais-Bourbon il y a quelques années.

«Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans la responsabilité qui doit être celle que nous occupons dans cet hémicycle», disait autrefois l’ancien président de l’Assemblée nationale de 2012 à 2017, Claude Bartolone. Ce jeudi, lorsque les députés débattaient la proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites de La France Insoumise, le député MoDem Nicolas Turquois s'en est pris au socialiste Mickaël Bouloux, qui l'a repoussé avec la main.

Pour empêcher son collègue de s'en prendre plus violement à son interlocuteur, le président du groupe MoDem, Marc Fesneau, s'est interposé pour écarter Nicolas Turquois, toujours en train de crier sur Mickaël Bouloux.

Alors que les Insoumis Antoine Léaument et Thomas Portes se sont mêlés à l'échauffourée, Nicolas Turquois s'est davantage emporté avant d'être conduit à l'exétérieur de l'hémicycle par d'autres députés, dont Marc Fesneau.

Ce comportement lui a valu de vives réactions sur les réseaux sociaux, dont celle d'Antoine Léaument, qui s'est ensuite exprimé sur l'affaire après la reprise de la séance. Marc Fesneau a pris aussi la parole pour dire qu’il «regrettait» les gestes de son collègue. 

Les «troubles» causés par un député LFI en novembre 2023

Ce n’est pas la première fois qu’un député LFI est impliqué dans un tel tumulte. En novembre 2023 encore, un grave incident est survenu en commission des Lois lors de l’examen du projet de loi immigration lorsque le député insoumis du Nord, Ugo Bernalicis, avait haussé le ton estimant que la séance aurait dû être suspendue pour permettre aux élus LFI de se rendre dans l’Hémicycle au moment où est examiné le texte présenté dans le cadre de leur niche.

«Il faudra me tirer manu militari. Il faudra employer la force physique si vous voulez me virer de cette commission. Je reste là tant qu’elle ne sera pas suspendue», a-t-il dit, tout en hurlant, en plein milieu de la séance.

Un comportement inapproprié décrit comme étant «un bazar incroyable» par Sacha Houlié, président de la Commission des Lois. Ce dernier avait alors proposé de saisir la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, «sur les troubles qu’Ugo Bernalicis a causé à la commission des Lois et pour lesquels je demanderai des sanctions».

Une bagarre à l’Assemblée nationale en 2013

Par le passé, les députés avaient déjà «dépassé les bornes» pour en venir aux mains. C’est en tout cas ce qu’il s’était produit vendredi 19 avril 2013 lorsque les parlementaires débattaient sur le mariage pour tous.

 
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Aux alentours de 1h du matin, une altercation a eu lieu entre quelques députés UMP et un conseiller de la ministre de la Justice de l’époque, Christiane Taubira. En effet, pendant l’interruption de la séance, et à l’abri des caméras qui s’étaient éteintes automatiquement, les parlementaires étaient descendus, poing tendu, vers les bancs du gouvernement pour en découdre avec le conseiller de la garde des Sceaux.

C’est au moment de la reprise de la séance que l’on a eu connaissance de l’altercation. Depuis le perchoir, Claude Bartolone avait alors indiqué que «rien ne justifie qu'il puisse y avoir une espèce de descente avec une menace physique comme celle à laquelle nous avons assisté (...) Il y a des choses qui ne sont pas acceptables».

«On ne peut pas avoir eu des interventions justes avant cette suspension pour dénoncer des brutalités et avoir ce genre de comportement», avait-il ajouté.

Un duel à épée en 1967

De nos jours, il est improbable de voir deux députés français se battre en duel à épée pour régler leurs différends. Pourtant, c’est ce qu’il s’était passé en 1967. Le 20 avril, en plein débat de l’Assemblée nationale, le député PS, Gaston Defferre, traitait le député gaulliste du Val d’Oise, René Ribière, d’«abruti». Des mots un peu véhéments pour lesquels le socialiste avait refusé de s’excuser.

S’agissant «d’une affaire d’honneur», René Ribière avait décidé que ce différend soit «réparé par les armes» dans le jardin d’une résidence de Neuilly-sur-Seine. Il s’agit du tout dernier duel d’honneur de l’histoire de France.

Épée à la main et chemises retroussées, les deux hommes s’étaient accordés sur un duel au premier sang. Les parlementaires étaient entourés du médecin de l’Assemblée nationale et du député gaulliste Jean de Lipkowski, choisi pour arbitrer le match.

Finalement c’est Gaston Defferre qui avait remporté le duel, l’insulté René Ribière ayant versé du sang au bout de seulement quelques minutes du coup d’envoi.

Deux gifles à deux reprises dans les années 1900

Il arrive parfois que deux députés «passent à l’action». C’est en tout cas ce qu'il s’était passé le 11 janvier 1921, jour de rentrée parlementaire, au Palais-Bourbon. Ce jour-là, dans la salle des conférences, le socialiste Alexandre Blanc croisait la figure de l’Action française Léon Daudet.

Il lui avait alors dit qu’il était décidé «à ne pas supporter plus longtemps ses injures boueuses et ses diffamations», d’après le récit raconté par Marianne. «Et que ferez-vous», avait répondu Léon Daudet. Une réplique qui n’a pas plu à Alexandre Blanc qui avait lancé «une gifle» sur la joue de son collègue.

Quinze ans plus tard, cette même salle du Palais-Bourbon était le théâtre d’une seconde agression physique. Le 21 février 1936, le député communiste Arthur Ramette avait pris à partie son collègue de droite Philippe Henriot.

«Tu nous as traités de canailles… Voilà pour toi», avait dit Arthur Ramette avant de lancer une violente claque sur la joue de Philippe Henriot. Ce dernier, ulcéré, avait tenté de répliquer avant que d’autres députés ne le retiennent.

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