L'heure du verdict a sonné pour Mathieu Gallet : le CSA a décidé ce mercredi de révoquer le patron de Radio France, condamné pour favoritisme à l'INA et poussé vers la sortie par le gouvernement. Le CSA a précisé qu'il détaillerait dans la journée les motifs de sa décision.
Le plus grand suspense règnait avant l'annonce de cette décision sans précédent pour le Conseil supérieur de l'audiovisuel. Ses sept membres, après avoir longuement auditionné lundi le PDG de Radio France, se sont retrouvés à partir de 9h au siège parisien de l'autorité de régulation.
Dans les motifs de sa décision publiés en fin de journée, le CSA a récusé avoir cédé à une quelconque influence politique, assurant n'avoir tenu compte que de l'«intérêt général» et du «bon fonctionnement» de Radio France, lequel nécessite des relations «denses, confiantes et permanentes» entre son PDG et l'Etat.
La défense de Mathieu Gallet a réservé sa décision quant à un éventuel recours devant le Conseil d'Etat. Le départ de Mathieu Gallet étant fixé au 1er mars par le CSA, un recours peut théoriquement être examiné avant cette date.
Un PDG sur la sellette
La question à laquelle ont dû répondre les sages : Mathieu Gallet est-il en capacité de continuer à diriger pleinement Radio France, premier groupe français de radio, après sa condamnation le 15 janvier à un an de prison avec sursis et 20.000 euros d'amende pour avoir favorisé deux sociétés de conseil lorsqu'il présidait l'Institut national de l'audiovisuel (2010-2014) ?
Si le gouvernement, par la voix de la ministre de la Culture Françoise Nyssen, a jugé son maintien à la présidence de Radio France «inacceptable», au nom d'un devoir d'exemplarité des dirigeants d'entreprises publiques, l'intéressé a refusé de démissionner - avant même sa condamnation - et a fait appel du jugement.
C'est donc au CSA, qui détient actuellement le pouvoir de nommer et révoquer les patrons de l'audiovisuel public, qu'il revient maintenant de statuer sur son sort à Radio France. Et ce en vertu d'une procédure totalement inédite lancée la semaine dernière par l'autorité de régulation.