Ce jeudi matin, le trafic car-ferry était très perturbé au port de Calais en raison d'une action des pêcheurs contre la pêche électrique, qui affectait également le port de Boulogne-sur-Mer, ont constaté des correspondants de l'AFP.
A Calais, une quinzaine de fileyeurs, venus successivement depuis 9h de Boulogne-sur-Mer, Calais et Dunkerque, se sont placés devant les jetées du port. Le trafic des ferrys était interrompu et une vedette de la gendarmerie nautique était en surveillance.
Deux car-ferrys de P&O étaient en attente à Douvres (Grande-Bretagne) et deux autres à Calais, a indiqué à l'AFP une porte-parole de la compagnie. Deux ferrys DFDS étaient aussi en attente à Douvres (Grande-Bretagne) et un était bloqué à Calais, a informé la compagnie. P&O a orienté ses clients vers le tunnel sous la Manche et DFDS vers Dunkerque-Loon Plage.
Vers 10H30, les pêcheurs ont cependant accepté de laisser passer un navire par heure vers l'Angleterre, jusqu'à 13h30, a indiqué une source portuaire. Un premier ferry de DFDS s'apprêtait à appareiller. A partir de 5h30, une dizaines de pêcheurs ont interdit l'accès routier à la gare de marée du port de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Le sas commandant l'entrée du bassin où les senneurs néerlandais débarquent le poisson a également été bloqué, dans la matinée, par deux fileyeurs.
Une concurrence déloyale dénoncée
Interdite dans l'espace marin de l'Union européenne depuis 1998 par un règlement en faveur de la conservation des ressources, la pêche électrique (qui capture des poissons à l’aide de perches équipées d’électrodes envoyant des impulsions électriques) bénéficie de dérogations depuis 2007. Le 21 novembre dernier, la Commission sur la pêche du Parlement européen a voté, à 23 voix contre 3, en faveur d'un possible développement de la pêche électrique. Ce qui suscite l'inquiétude des pêcheurs et des associations.
Fin novembre 2017, les pêcheurs ont manifesté pour dénoncer une concurrence déloyale de certains marins néerlandais, qui épuiseraient les réserves de poissons en mer. Normalement, la pêche électrique ne doit pas être installée sur plus de 5% de la flotte de chalutiers à perche. Malgré cette interdiction, les Pays-Bas en utiliseraient sur 28% de ce type de bateaux, selon l'ONG Bloom. Les marins qui utilisent les techniques conventionnelles affirment donc être désavantagés.
«On demande des mesures d'accompagnement d'urgence à l'État français et une aide financière rapide», a déclaré à Calais Christian Dubois, du comité régional des pêches, réclamant 30.000 euros par bateau sur trois ans. «Contre la pêche électrique, il est trop tard. Les hollandais ont ravagé la mer et il n y a plus de poissons.. Il faudrait 4 à 5 ans pour que la ressource se reconstitue sur nos côtes», a-t-il ajouté.