Le Monde tente d'expliquer, ce samedi 13 janvier, pourquoi il a publié la tribune soutenant «la liberté des hommes 'd'importuner' les femmes», qui a fait couler beaucoup d'encre.
Dans un article, et intitulé «L’instant Deneuve : retour sur une tribune polémique», le responsable des pages Débats, Nicolas Truong, raconte avoir été contacté par l'écrivaine Catherine Millet dans la soirée du vendredi 5 janvier. Cette dernière lui fait part de l'existence d'un texte signé par de nombreuses femmes «en réaction au climat idéologique qui s’est installé dans la mouvance de #MeToo». Nicolas Truong reçoit le texte définitif dans la soirée du dimanche 7 janvier. Puis le lundi soir, il reçoit un appel de Catherine Millet : Catherine Deneuve signe la tribune.
«Avec cette signature connue dans le monde entier, l’affaire change de nature. Impact maximum garanti», écrit le médiateur du Monde, Franck Nouchi. Les journalistes de la rédaction se sont également demandé : «A-t-on eu raison de publier cet article qui va à l’encontre des 'valeurs' défendues par le journal ?».
Le médiateur du Monde rappelle également le rôle des pages Débats du quotidien : «Susciter des points de vue contradictoires, défendre le pluralisme des idées, animer le débat public». Nicolas Truong revient également sur certaines réactions venues des réseaux sociaux : «A lire certaines réactions, Le Monde aurait pris partie pour les 'porcs'. Nous aurions trahi la cause des femmes». Le journaliste pointe une «césure» entre la réaction des internautes sur les réseaux sociaux et les abonnés du Monde, «favorables au texte».
«Nous devrions faire un effort de présentation de manière à ce que les internautes, moins au fait de la 'grammaire' du Monde que nos abonnés, comprennent immédiatement qu’ils ont à faire à une tribune et non à un article écrit par un journaliste maison», écrit encore Nicolas Truong.