Dans un silence pesant, visages fermés, les habitants de Saint-Féliu-d'Avall, meurtris par la mort de cinq enfants du village dans la catastrophe de Millas, se sont recueillis dimanche dans les jardins de la mairie.
Comme anesthésié par la tristesse, le petit village est désert en ce dimanche matin, quand, à partir de 11H00 des grappes entières d'habitants empruntent la rue principale balayée par un vent glacial pour rejoindre la mairie.
Adolescents vêtus de la tenue rouge du club de foot local auquel appartenait l'un des jeunes victimes, roses blanches à la main pour d'autres, les habitants de tous âges ont franchi l'entrée de la modeste mairie protégée des journalistes par les gendarmes.
Recueillis par centaines aux pieds des pins, du palmier et des oliviers qui ployaient sous la tramontane, ils se sont recueillis sans un mot pour «montrer leur solidarité» envers les familles des victimes.
«Je ressens de la peine, de la tristesse, mais aussi de l'amour», raconte avec pudeur Romain, 13 ans, qui au côté de son père est venu dire au revoir à sa copine Ophélia et son copain Alan qui figurent parmi les cinq enfants décédés dans la terrible collision.
«Je n'arrive plus à dormir, je pense tout le temps à eux», confie le jeune garçon. «C'est une période compliquée à l'approche des fêtes, mais c'était important d'être là, de rendre un dernier hommage», poursuit son père Jérôme, emmitouflé dans sa parka.
«On n'est pas bien depuis qu'on a appris la nouvelle, même si par rapport aux parents des victimes...», explique, presque en s'excusant, le quadragénaire ému.
«C'est une horreur»
Devant les grilles de la mairie qui avait mis ses drapeaux en berne, les livres de condoléances placés devant l'entrée témoignent là aussi de la consternation et de la profonde tristesse dans lequel était plongé le village d'un peu plus de 2.000 habitants d'où sont originaires toutes les victimes.
«Des mots ne suffisent pas pour exprimer notre immense peine», peut-on lire. «Il n'y a pas de mot, on ne devrait pas vivre ces instants. Protégeons nos enfants», écrit un autre, alors qu'un peu plus loin un dessin figure un cœur rose avec des yeux qui pleurent.
«Le village, pauvre village, il est triste, je suis de Saint-Féliu-d'Amont mais on partage cette souffrance, c'est une horreur, c'est affreux, c'est toute la région qui est touchée, c'est affreux ce qui est arrivé, comment partager une souffrance comme ça, c'est pas possible, on essaie de réconforter au maximum mais c'est très dur», témoigne Hubert Madine, éducateur à la retraite, qui réside dans le village d'à côté.
En début d'après-midi, les rues étaient à nouveau désertes dans le petit village qui devra bientôt faire face aux enterrements. Saint-Féliu-d'Avall retenait son souffle, espérant que le bilan qui s'établit à cinq morts et 18 collégiens blessés, dont six au pronostic vital engagé, ne s'alourdisse pas.