Une messe pour les victimes, un rassemblement pour se recueillir : le village de Saint-Féliu-d'Avall (Pyrénées-Orientales) était figé dans la douleur dimanche après la violente collision entre un autocar scolaire et un train régional ayant fait cinq morts parmi les jeunes passagers du bus.
L'enquête se poursuivait dans le même temps pour déterminer la position des barrières du passage à niveau où Alan, Loïc, Ophélia, Yonas, Diogo ont perdu la vie jeudi. Des témoignages indiquent que «la barrière était fermée et d'autres qu'elle était ouverte», selon le procureur de Marseille, Xavier Tarabeux, en charge des investigations.
La conductrice du car, également blessée dans le drame, a assuré que les barrières étaient «levées» lors de sa traversée des voies à Millas. En revanche, le conducteur du train affirme que ces barrières étaient fermées.
Il s'agit d'un des accidents les plus meurtriers impliquant un transport d'enfants depuis 1982. Sur les 18 collégiens blessés, le pronostic vital de six reste engagé.
Dimanche matin, un vent froid balayait le bourg de Saint-Féliu-d'Avall, d'où sont originaires toutes les victimes. Une messe a eu lieu en matinée, avant un rassemblement près de la mairie en milieu de journée. L'émotion est immense à quelques jours des fêtes de Noël.
Sophie Ringue est venue avec un bouquet de fleurs: «Y a pas de mots. Toute la région est touchée. Je rends hommage à tous ces enfants. Ça me fait vraiment très mal au cœur. Ça pourrait être mon fils. J'ai quatre enfants. Je ne pourrai pas accepter, c'est très très dur pour les parents».
«Je ne suis vraiment pas bien, Loïc (un des enfants décédés) habitait juste en face de chez moi», ajoute Riccardina Rascioni, infirmière scolaire à la retraite.
«Elle pleure tout le temps»
«C'était un petit copain d'école de ma petite fille, y a aussi une petite copine qui venait chez moi avec elle le mercredi, elle est à l’hôpital, elle a le bassin fracturé», ajoute-t-elle.
«Ma petite fille, elle pleure tout le temps, elle veut plus prendre le car. Demain (lundi) matin, ma fille va l'amener à l'école et il faudra qu'elle l'amène tous les jours, maintenant elle ne veut plus prendre le bus, elle est traumatisée». «Moi, je ne dors plus la nuit. Hier (samedi) soir, je rentrais et je pleurais dans la voiture», témoigne encore Mme Rascioni.
Accrochés aux grilles de la mairie, des bouquets de fleurs blanches et des livres de condoléances sur lesquels on peut lire : «Des mots, c'est tout ce qu'on peut apporter... Dérisoires devant notre détresse. Nous pensons à vous tous qui êtes détruits par cette catastrophe».
Il y a aussi un dessin d'enfant au crayon de papier avec un cœur transpercé de roses. Et ce message : «Je penserai toujours à vous et vous resterez toujours dans mon cœur». Et un autre dessin d'un cœur rose avec des yeux qui pleurent.
Les gens sont venus de toute la région comme Josiane Gouttefarde, une grand-mère venue de Perpignan : «Je me mets à la place de tous ces gens qui ont perdu leurs enfants ou leurs petits-enfants et cela aurait pu être le mien».
Une veillée de prières sera présidée en soirée par l'évêque de Perpignan Mgr Norbert Turini. Toutes les manifestations festives sont annulées dans la commune: la fête des écoles, le goûter de Noël, le concert de Noël, les vœux du maire. Et les magasins ont décroché leurs décorations.