Le polémiste Dieudonné est renvoyé devant le tribunal correctionnel pour gestion frauduleuse de son patrimoine et pour dissimulation des recettes de ses spectacles, a appris jeudi l'AFP de source proche de l'enquête.
Le juge d'instruction a ordonné le 30 novembre la tenue d'un procès contre Dieudonné M'Bala M'Bala pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale, ainsi que pour l'organisation frauduleuse de son insolvabilité. Lui et sa compagne, Noémie Montagne, devront aussi répondre d'abus de biens sociaux au détriment de leur société Les Productions de la Plume, elle-même renvoyée avec ses gérants pour fraude à la TVA, conformément aux réquisitions du parquet de Paris, selon cette source.
Les investigations ont mis au jour 1,45 million d'euros, dont la moitié en liquide, dissimulé au fisc entre 2009 et 2014 par le polémiste de 51 ans, qui se disait à l'époque ruiné et insolvable, selon la source proche de l'enquête. Dieudonné conservait "depuis des années des recettes de ses spectacles en espèces non comptabilisées" sur les comptes de sa société "dans des proportions importantes", écrit le juge Renaud Van Ruymbeke dans son ordonnance de renvoi, selon cette source.
En janvier 2014, les enquêteurs avaient ainsi découvert plus de 650.000 euros en espèces dans les coffre-forts de la propriété d'Eure-et-Loir du couple, vendue par Dieudonné pour solder ses dettes mais rachetée par sa boîte de production, co-gérée par sa compagne.
Par ailleurs, entre 2009 et 2014, Dieudonné M'bala M'bala, qui ne remplissait plus que de faibles déclarations de revenus, voire aucune pour l'année 2011, a néanmoins réalisé, parfois via ses proches, des transferts d'espèces à l'étranger pour près de 670.000 euros, principalement au Cameroun, pays où il a des proches.
"Ce sera la première fois que l'ensemble de la +Dieudosphère+ comparaîtra devant un tribunal", se félicite David-Olivier Kaminski, avocat de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme), qui avait porté plainte en 2012, faute d'obtenir les dommages et intérêts que lui devait le polémiste après plusieurs condamnations pour des propos diffamatoires ou de provocation à la haine raciale. "Il est aujourd'hui grand temps que le vrai visage du repris de justice M'Bala M'Bala apparaisse au grand jour", a-t-il ajouté.