Le polémiste Dieudonné est renvoyé devant le tribunal correctionnel pour gestion frauduleuse de son patrimoine et pour dissimulation des recettes de ses spectacles, a appris ce jeudi l'AFP de source proche de l'enquête.
Selon cette source, le juge d'instruction a ordonné le 30 novembre la tenue d'un procès contre Dieudonné M'Bala M'Bala pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale, ainsi que pour l'organisation frauduleuse de son insolvabilité. Lui et sa compagne, Noémie Montagne, devront aussi répondre d'abus de biens sociaux au détriment de leur société Les Productions de la Plume, elle-même renvoyée avec ses gérants pour fraude à la TVA, conformément aux réquisitions du parquet de Paris.
Des mouvements financiers «suspects»
Cette enquête, ouverte début 2013 par le parquet de Paris avant d'être confiée à un juge d'instruction, «a révélé l'existence de mouvements financiers particulièrement suspects, occultes et dissimulés», écrivaient les magistrats dans leurs réquisitions, dont a eu connaissance l'AFP.
L'affaire était partie d'un signalement en décembre 2012 de Tracfin, la cellule antiblanchiment de Bercy, qui avait détecté des transferts de 414.000 euros entre 2009 et 2012 à des proches au Cameroun. Les investigations avaient finalement mis en lumière la dissimulation à l'étranger au total de près de 569.353 euros en espèces entre avril 2009 et mars 2014, selon une source proche du dossier.
Les enquêteurs avaient découvert en janvier 2014 à son domicile d'«importantes sommes en espèces», soit 650.000 euros, sans qu'il ne soit possible de «justifier l'origine de ces fonds», selon le réquisitoire. Dieudonné avait expliqué que cette somme provenait de la billetterie de sa tournée en France pour son spectacle "Le Mur", que les autorités tentaient alors d'interdire en raison de ses prises de positions antisémites.
Pour le parquet, «en dissimulant tout ou partie de ses revenus» ou de ses biens, Dieudonné aurait ainsi «organisé» son insolvabilité «en vue de se soustraire à l'exécution de condamnations» à des amendes et à des dommages et intérêts prononcées par des tribunaux dans le cadre de ses nombreux procès, notamment face à la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) qui avait porté plainte. Début 2014, il avait commencé les règlements.
«C'est la suite logique de l'instruction, la Licra est dans l'attente d'une ordonnance de renvoi des juges», s'est félicité l'avocat de la Licra David-Olivier Kaminski.