Le succès ou l’échec des manifestations prévues dans la journée contre les réformes devrait être déterminant pour le mouvement d’opposition.
Une grande première depuis le début du quinquennat : la CGT et FO lancent un appel commun aujourd’hui à manifester contre la «politique libérale», selon eux, du gouvernement. A leurs côtés, Solidaires, la FSU et des organisations représentant la jeunesse (Unef, UNL, Fidl). A l’image des précédentes mouvements lancés lors de la rentrée sociale, l’ensemble du territoire est concerné. Mais l’absence de la CFDT, de la CFE-CGC ou de la CFTC soulignent les fissures actuelles du front syndical. Le succès - ou l’échec - de cette contestation pourrait alors être décisif pour la crédibilité et l’avenir de l’opposition dans la rue.
Des motifs de grogne élargis
Depuis la première journée d’action, le 12 septembre, qui avait réuni 223 000 personnes dans les rues, la mobilisation a faibli. Le 19 octobre dernier, lors de la quatrième, seulement 37 700 manifestants s’étaient par exemple déplacés. Le leader de la CGT Philippe Martinez, qui considère que cette méthode reste la plus efficace, a donc décidé d’adapter sa stratégie. Outre l’appui de Jean-Claude Mailly, le numéro 1 de FO mis sous pression par sa base, il a accepté d’élargir la contestation. Outre les ordonnances réformant le Code du travail, le front syndical appelle désormais à se mobiliser contre les futures réformes de l’assurance-chômage, de la formation et de l’apprentissage. Il se mobilise également contre l’augmentation de la CSG, les atteintes au service public et la réforme de l’enseignement supérieur.
Mais les syndicats pourraient se heurter à un problème de timing. «Il est trop tard pour contester les ordonnances et un peu tôt pour contester les prochaines réformes dont on ne connaît pas encore le contenu», estime le politologue Rémi Bourguignon. D’autant plus que le président Macron bénéficie d’une certaine légitimité du fait de sa récente élection. Selon un sondage Elabe, 50% des Français pensent ainsi qu’il est trop tôt pour juger son action.
Une autre voie envisagée ?
Si la manifestation d’aujourd’hui est un échec, l’avenir de la contestation pourrait dangereusement s’assombrir. «Cela reportera d’un bon moment la capacité des syndicats à se mobiliser», analyse Rémi Bourguignon. La CFDT, qui ne participe pas au mouvement, privilégie d’ailleurs une autre méthode en tentant d’influencer des parlementaires pour ajuster à la marge les ordonnances, qui doivent encore être ratifiées au Parlement fin novembre.
Ce front syndical désuni ne constitue pas pour autant un boulevard pour le président pour faire passer ses prochaines réformes. Pour éviter de futures contestations, Emmanuel Macron va devoir rapidement relégitimer les partenaires de négociations, comme les leaders de FO et de la CFDT, pour montrer que la concertation est toujours possible.