Une cinquantaine de nouvelles plaintes de patients mécontents de la nouvelle formule du Levothyrox, dont celle de l'actrice Anny Duperey, vont être déposées jeudi au parquet de Paris.
Ces «plaintes contre X» vont être déposées «cet après-midi», a précisé à l'AFP l'avocate et ancienne magistrate Marie-Odile Bertella-Geffroy.
Les nouvelles plaintes annoncées, dont celle d'Anny Duperey, vont être déposées auprès du pôle santé publique pour quatre motifs: «non assistance à personne en danger, mise en danger de la vie d'autrui, atteinte à l'intégrité de la personne et tromperie sur les qualités substantielles du médicament aggravée par une atteinte à la santé», a détaillé Me Bertella-Geffroy, ex-juge du pôle santé publique de Paris et conseil de l'association française des malades de la thyroïde (AFMT).
Elles viendront s'ajouter aux douze premières plaintes déjà lancées vendredi à Paris par l'avocat David-Olivier Kaminski, qui compte en déposer encore une dizaine ces jours-ci.
Trois millions de patients prennent ce traitement en France pour hypothyroïdie ou après une opération de cancer de la thyroïde.
9.000 signalements d'effets indésirables
Crampes, maux de tête, des milliers de patients se plaignent ainsi d'effets secondaires «graves» de la nouvelle formule, d'après une pétition réclamant le retour à l'ancienne formule.
La ministre de la Santé Agnès Buzyn a fait état lundi de 9.000 signalements d'effets indésirables par les patients prenant ce médicament. La nouvelle formule du Levothyrox, un médicament pour la thyroïde, a été mise sur le marché fin mars.
L'Agence du médicament l'avait réclamée au laboratoire Merck Serono dès 2012 afin, selon elle, de rendre le produit plus stable. Face aux critiques des patients qui accusent les autorités sanitaires d'«indifférence coupable», la ministre a reçu vendredi les associations et l'actrice Anny Duperey, qui avait mis en cause l'attitude du gouvernement dans ce dossier.
«Seule une enquête judiciaire pourra permettre de faire la vérité sur ce scandale», a déclaré Me Kaminski, dont les plaintes pointent du doigt la responsabilité de l'ex-ministre Marisol Touraine, de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et des laboratoires Merck Serono.
«La France, qui se targue d'avoir le meilleur système de santé au monde, a pour le coup totalement méprisé près de trois millions d'usagers» de ce médicament, dont des centaines de milliers doivent le prendre à vie, s'indigne l'avocat.
Interrogé sur la justification de ces plaintes, Chantal L'Hoir, fondatrice de l'AFMT, a jugé «grave de voir en France des lobbies qui ont autant d'impact».