Décrocher le baccalauréat avec la mention «très bien» est déjà remarquable. Mais la réaliser deux ans après avoir fui la Syrie sans parler un mot de français relève de l’exploit.
C’est ce qu’a accompli Alexandre Samaan, un lycéen de 19 ans originaire de Homs. Depuis son arrivée en France le 1er avril 2015, ce jeune réfugié était scolarisé dans la section scientifique d’un établissement toulousain. Interrogé lundi 10 juillet par Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV et RMC, le bachelier est revenu sur son périple. «Je suis parti seul», a-t-il raconté. «Tout le monde sait qu’il y a la guerre là-bas, et je viens d’une famille qui cherche la paix, cette guerre n’est pas la nôtre. Tout ce qu’on veut, c’est faire des études et travailler. Donc quand des attentats ont commencé quand j’étais à Homs, mes parents et moi avons décidé mon départ».
Avec la bénédiction de ses parents restés en Syrie, et après avoir donné 15.000 euros à un passeur, le jeune Alexandre, alors âgé de 16 ans seulement, a entamé un voyage de quarante-cinq heures pour rejoindre son frère, installé depuis quatre ans à Toulouse.
«J'ai galéré, ça a été dur au début»
Il traverse la Turquie, la Grèce, et arrive en Autriche perché sur le toit d’un camion. L'adolescent embarque ensuite à bord d’un train à destination de l’Allemagne et arrive enfin sur le sol français, sans parler un mot de la langue, qu’il maîtrise désormais après des mois de travail et de persévérance. «Je n’ai pas pris de cours de français», a-t-il expliqué, toujours à BFMTV. «Je me suis inscrit directement en première, quatre mois après mon arrivée. J’ai galéré, ça a été très dur au début, une année très difficile. Mais j’ai eu la chance d’être dans une classe qui m’a beaucoup aidé».
Et pendant ces deux années qui ont précédé l’examen du baccalauréat, Alexandre a travaillé sans relâche. «Je rentrais chez moi vers 18h, je prenais les cours des autres élèves, je les recopiais jusqu’à 22h avant de les traduire jusqu’à minuit. Tous les soirs, c’était le même rythme. Et certaines journées, je n’arrivais pas à tenir, j’étais fatigué», se souvient-il au micro de BFMTV.
Interrogé par RFI, le professeur de physique-chimie du jeune homme, Richard Bendaka, a d'ailleurs expliqué que du haut de ses quinze années d’expérience, il avait pour la première fois demandé «à un élève d’arrêter de travailler».
Mais les efforts d’Alexandre n’ont pas été vains : le jeune homme a obtenu un 17 en SVT, 18 en maths, et 19 en physique-chimie, sa matière de prédilection. Son enseignant a déclaré à RFI qu’il était ravi de ses résultats. «C’est un élève que j’adore, qui est très méritant par son parcours et son acharnement au travail. Et c’est dans la continuité logique de tout ce qu’il a fourni évidemment», a-t-il ajouté.
A la rentrée prochaine, Alexandre Samaan suivra des cours de médecine à Limoges. Il rêve de devenir neurochirurgien.