Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a estimé possible dimanche de réduire simultanément les dépenses publiques et les impôts et veut aller vite sur la mise en place des réformes fiscales.
«Edouard Philippe a donné de grandes directions dans son discours de politique générale, mais il n'y a pas de calendrier précis qui soit sorti, ce sera dans quelques semaines et nous verrons quels seront les arbitrages définitifs», a souligné Bruno Le Maire dimanche soir, interrogé sur BFMTV.
Dans son discours de politique générale, le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé mardi le report de plusieurs réformes fiscales ainsi qu'une baisse conséquente des dépenses publiques afin de contenir le déficit public à 3% du PIB en 2017 et en 2018.
«Je souhaite qu'on aille le plus vite possible sur la baisse des dépenses publiques parce que ça ruine le pays, le plus vite possible sur la baisse des impôts qui pèsent sur les ménages et sur les entreprises. Le plus vite possible c'est dès l'année prochaine. Dès 2018, engageons le plus possible la baisse des impôts qu'attendent les Français», a déclaré M. Le Maire.
La réforme de l'impôt sur la fortune (ISF), jusque-là attendue en 2018, n'interviendra qu'en 2019, tout comme la transformation du Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) en baisse de charge, reporté en raison de son coût lors de l'année de transition.
Le gouvernement n'a en revanche pas précisé la date d'entrée en vigueur de sa «flat tax» sur les revenus du capital et est resté flou sur la suppression de la taxe d'habitation pour 80% des ménages, initialement prévue pour s'étaler entre 2018 et 2020.
«Je suis convaincu qu'on peut à la fois baisser les dépenses publiques et baisser les impôts pour les Français et pour les entreprises. Je pense qu'on peut faire les deux en même temps», avait dit plus tôt le ministre de l'Economie en marge des rencontres économiques d'Aix-en-Provence.
Le ministre a répété que la réforme du CICE en crédit d'impôt ne serait pas possible tout de suite, «mais sur tous les autres sujets, la porte est ouverte à la discussion et ensuite à la décision».
Faire le maximum
«La question du rythme est une vraie question. Est-ce qu'on estime qu'il faut tout échelonner au fil du quinquennat ou est-ce qu'on estime qu'il faut mettre le maximum de puissance dès le début ? Moi je n'ai aucun doute il faut mettre le maximum dès le début du quinquennat», a encore clamé M. Le Maire.
Suite aux annonces de report de réformes fiscales par M. Philippe, plusieurs économistes, dont certains considérés comme proches d'Emmanuel Macron, à l'image de Philippe Aghion, ont fait part de leur inquiétude, estimant que la priorité devrait être donnée aux baisses d'impôts, de manière à stimuler la croissance.
Prenant la défense des reports des réformes fiscales, au nom du respect des règles budgétaires européennes, le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau avait appelé un peu avant à ne pas se focaliser sur les seules baisses d'impôts.
«Nous sommes tous pour les baisses d'impôts mais ne résumons pas la réforme à l'attente de baisses d'impôts immédiates et non financées», a-t-il déclaré.
«Une des contraintes qui s'imposent aux gouvernements c'est de tenir les engagements notamment dans le domaine budgétaire avec les 3% qui est quelque chose dont nous nous félicitons», avait rappelé de son côté Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, néanmoins circonspect sur la pertinence des réformes.
«Une stratégie qui consisterait à tout étaler sur le quinquennat, malheureusement, ne maximiserait pas l'impact économique aujourd'hui des réformes», a-t-il déclaré, en précisant que ce n'était pas là «une critique des décisions prises par le gouvernement».