«Aujourd'hui, la France est en train de devenir la nation des start-up et elle doit réussir ce pari» : Emmanuel Macron en a appelé jeudi aux «talents» du monde entier pour faire de son pays un «leader» mondial de l'innovation.
Après avoir arpenté dans une chaleur étouffante et une cohue indescriptible les allées du salon Viva Technology, rendez-vous français des start-up, le chef de l'Etat est allé aux devants des entrepreneurs pour dérouler sa feuille de route du numérique. Désireux de profiter du «momentum» engendré par son élection, Emmanuel Macron a promis un choc fiscal en faveur de l'innovation «en baissant l'impôt sur les sociétés, en réduisant les charges patronales et salariales, en supprimant le RSI» et en créant une taxe forfaitaire de 30% sur les revenus du capital.
Autant de promesses de campagne qu'il entend conduire «sans plus attendre», évoquant aussi le «droit à l'erreur» pour les entreprises qui sera inscrit «dans le droit français dès cet été». Tout au long de sa visite, Emmanuel Macron, ancien ministre de l'Economie en charge notamment du numérique, a multiplié les bains de foule, serrant de nombreuses mains et se livrant à d'innombrables selfies.
L'équivalent français du CES
Viva Technology, co-organisé par Les Echos et le groupe Publicis, est ainsi devenu pour Emmanuel Macron ce que le Salon de l'agriculture était à Jacques Chirac. Ce salon, qui se veut l'équivalent français du salon CES de Las Vegas, réunit 5.000 start-up et doit accueillir 50.000 visiteurs de 50 pays en trois jours.
Accompagné de la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, et du secrétaire d'Etat au Numérique, Mounir Mahjoubi, il s'est plus particulièrement attardé sur les stands de trois start-up spécialisées dans la réalité augmentée au profit du tourisme patrimonial, dans la robotique et dans les drones industriels.
Un visa «french tech» de 4 ans
«En France, on aime l'entrepreneur à condition qu'il ne réussisse pas trop bien» et «quand il commence à réussir trop bien, on le jalouse, on le stigmatise et, souvent on le fiscalise, c'est terminé !», s'est-il exclamé sous les applaudissements d'un public déjà conquis.
«Je veux lever les contraintes», a insisté Emmanuel Macron, annonçant l'entrée en vigueur le jour même d'un «French Tech visa», un titre de séjour de quatre ans pour «attirer les talents du monde entier», créateurs de start-up, salariés et investisseurs. Le jeune chef de l'Etat a exhorté parallèlement les Français qui «à un moment n'y croyaient plus» et qui se sont expatriés à revenir en France «parce que c'est ici que les choses vont se passer».
Il a également réitéré sa promesse de créer un «fonds pour l'innovation doté de 10 milliards d'euros». Dans les secteurs de l'environnement, de la santé ou encore des transports, «l'Etat investira massivement» et «aura besoin de vos investissements massifs», a-t-il souligné. «Ce que nous avons à conduire ensemble, c'est une révolution en profondeur de nos modèles de pensée, de notre organisation économique et sociale», a résumé le nouveau président, appelant aussi à «décloisonner» la recherche publique et le monde de l'entreprise, les start-up et les grands groupes.
De son côté, a-t-il ajouté, «l'Etat doit devenir digital» avec «l'ambition de numériser d'ici à 2022 l'ensemble de ses procédures» administratives. Emmanuel Macron, applaudi debout, a conclu son discours en anglais, assurant à tous ceux qui voulaient l'entendre que la France était «the place to be, to invest, to be a startuper» (le lieu où il faut être, investire et être un créateur de start-up).