Emmanuel Macron a composé mercredi son premier gouvernement, une équipe de vingt-deux membres, dix-huit ministres et quatre secrétaires d'Etat, relativement resserrée, paritaire, qui fait le pari de la société civile et traduit la recomposition promise avec des ministres issus de la droite, comme de la gauche et du centre.
Le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler a annoncé à 15h tapantes, l'horaire prévu, et selon les canons du genre, la composition de ce gouvernement dont la moyenne d'âge est de 54 ans.
Plusieurs figures de proue de la société civile se distinguent : l'escrimeuse Laura Flessel, ministre des Sports, l'éditrice Françoise Nyssen, ministre de la Culture, ou Muriel Pénicaud, ministre du Travail, passée par Danone et Dassault Systèmes.
«L'engagement d'un gouvernement très resserré est totalement tenu» avec «une recomposition sans précédent» de l'exécutif, souligne-t-on dans l'entourage d'Emmanuel Macron, qui précise qu'au lendemain des législatives des 11 et 18 juin, «il n'est pas impossible qu'on ait un petit réajustement». Les ministres candidats devront du reste démissionner de leur poste s'ils ne sont pas élus.
Parité respectée
La parité est par ailleurs parfaitement respectée, avec onze femmes et onze hommes et autant de ministres de plein exercice de l'un comme de l'autre sexe. «Emmanuel Macron voulait que les femmes occupent des ministères de premier plan et ne soient pas reléguées à des portefeuilles qui leur sont traditionnellement dévolus ou moins importants», note l'entourage du nouveau président.
Les quatre ministères régaliens ont été dévolus à deux socialistes - Jean-Yves Le Drian, l'un des deux rescapés du quinquennat de François Hollande, qui passe de la Défense à l'Europe et aux Affaires étrangères avec le Commerce extérieur dans ses attributions, et Gérard Collomb, «marcheur» de la première heure, qui prend l'Intérieur - et à deux centristes - François Bayrou à la Justice et Sylvie Goulard aux Armées.
Nicolas Hulot occupe une place de choix dans l'organigramme. Deuxième dans l'ordre protocolaire et ministre d'Etat, il aura l'Energie dans son escarcelle et entre pour la première fois dans un gouvernement après avoir été candidat malheureux à la primaire des Verts pour la présidentielle de 2012. L'ancien animateur d'Ushuaïa avait déjà été pressenti pour rejoindre un gouvernement Hollande en janvier 2016 après avoir été l'un des artisans de la COP21.
S'il est resserré, ce premier gouvernement de l'ère Macron compte cependant davantage de ministres que le premier gouvernement Fillon qui avait battu un record sous la Ve République en la matière avec seulement quinze ministres, quatre secrétaires d'Etat et un Haut-Commissaire. Parmi les ministres figurent quatre socialistes (dont deux avaient rejoint En Marche!) deux radicaux de gauche, trois centristes, deux LR, les autres provenant de la société civile.
Bercy à la droite
Avec Bruno Le Maire à l'Economie, exclu illico des Républicains, et Gérald Darmanin, à l'Action et aux Comptes publics, Emmanuel Macron donne Bercy à la droite, toujours plus fractionnée.
«A titre personnel», François Baroin, chef de file des Républicains pour les législatives, a regretté ces ralliements, estimant qu'il ne s'agissait pas d'une «recomposition» mais d'un «dynamitage» politique.
Les nombreux socialistes entrés dans ce nouveau gouvernement achèvent aussi d'affaiblir le PS. «Cautions de gauche mais Matignon et Bercy à droite», a tweeté le premier secrétaire du parti Jean-Christophe Cambadélis dans une première réaction.
Nouveau gouvernement mais pas gouvernement du renouveau. Cautions de gauche mais Matignon et Bercy à droite. #gouvernementphilippe
— Jean-Chr. Cambadélis (@jccambadelis) 17 mai 2017
Outre Jean-Yves Le Drian, Annick Girardin est donc la seconde rescapée de l'ère Hollande, nommée aux Outre-Mer. Appliquant strictement la règle du non-cumul des mandats, Jean-Yves Le Drian, qui avait été autorisé sous le quinquennat de François Hollande à cumuler des foncions de ministre de la Défense et celles de président de la région Bretagne devra cette fois-ci quitter la tête de la région. Le chef du gouvernement Edouard Philippe et le président du MoDem, François Bayrou, respectivement maires du Havre et de Pau, devront également démissionner de ces exécutifs locaux.