Le député maire du Havre, figure de la droite, a été nommé par Emmanuel Macron pour diriger son gouvernement. Un choix symbolique.
Peu connu du grand public, le député-maire LR du Havre s’est revendiqué, lors de la passation des pouvoirs, à Matignon, être un «homme de droite», soucieux de «l’intérêt général». Une désignation très symbolique, qui ouvre la marche d’une recomposition des clivages politiques traditionnels.
Un Premier ministre de droite
Proche du centre-droit, Edouard Philippe appartient à la frange des Juppéistes. Se plaçant dans les pas de son mentor, lui aussi passé par Matignon, il lui a d’ailleurs rendu un vibrant hommage, le remerciant lundi pour tout ce qu’il «lui a appris».
Âgé de 46 ans, l’élu est devenu le deuxième plus jeune Premier ministre de la République, après Laurent Fabius (37 ans, en 1984). S’inscrivant dans les pas de ses prédécesseurs, Edouard Philippe a lui aussi un profil classique. Diplômé de Sciences-Po et de l’Ena, il est passé par le privé, travaillant notamment dans un cabinet d’avocat américain et chez Areva. Un parcours relativement similaire à celui d’Emmanuel Macron.
Le nouveau Premier ministre dispose d’un solide ancrage local. Très apprécié au Havre, il a d’ailleurs été réélu à la mairie en 2014 dès le premier tour. Autant de caractéristiques qui répondent aux attentes du fondateur d’En Marche !.
«Edouard Philippe est une valeur sûre. Il a un profil local affirmé et il est plutôt discret. Il ne va pas faire de l’ombre au président», analyse le communiquant politique Philippe Moreau-Chevrolet. Du haut de son mètre quatre vingt quatorze, l’élu n’a d’ailleurs pas ménagé ses efforts pour tendre la main à Emmanuel Macron.
En retrait de la campagne de François Fillon, il avait écrit dans Libération, le 3 mai, que le vainqueur devrait «sortir du face-à-face ancien, culturel, institutionnalisé et confortable de l’opposition droite-gauche». Un appel s’inscrivant dans la volonté du nouveau président de moderniser l’appareil politique en cassant les codes.
Les législatives en ligne de mire
La nomination d’Edouard Philippe à Matignon pose le premier jalon de la composition du gouvernement. Une future équipe dévoilée mardi soir en intégralité, qui pourrait faire la part belle à des personnalités issues des Républicains.
«Emmanuel Macron adopte une vraie position centriste, en s’entourant de figures socialo-centristes et centre-droit», explique Philippe Moreau-Chevrolet. Des avances qui morcellent encore davantage les partis traditionnels. Avec, en ligne de mire, les législatives des 11 et 18 juin.
«La nomination d’Edouard Philippe permet de tenter de dynamiter la droite», avance le spécialiste. François Baroin, chef de file des Républicains pour les législatives, n’a d’ailleurs pas mâché ses mots, prévenant ainsi que les élus se rapprochant d’Emmanuel Macron seraient «exclus» du parti.