Edouard Philippe, fidèle lieutenant d'Alain Juppé, a été désigné Premier ministre par Emmanuel Macron, dans le cadre d'un gouvernement d'ouverture.
Il n'est pas adhérent En Marche! et pourtant, il prend la tête du premier gouvernement d'Emmanuel Macron. Peu connu du grand public, Edouard Philippe est un homme de droite, au parcours très classique. Point commun avec le président élu : il n'a pas hésité ces dernières semaines à prôner le dépassement des clivages traditionnels.
De la Normandie à l'Ena
Edouard Philippe est né en 1970 à Rouen, dans une famille de professeurs de français. Bon élève tout au long de sa scolarité, le jeune homme intègre Sciences-Po Paris après un passage en classe préparatoire littéraire aux grandes écoles. Durant son passage à la rue Saint-Guillaume, il commence d'ailleurs à s'engager auprès de Michel Rocard, au PS, avant d'abandonner lorsque son champion ne parvient pas à prendre la tête du parti.
Pris de passion pour le droit, Edouard Philippe entre ensuite à l'Ena, puis choisit de commencer sa carrière au Conseil d'Etat. C'est à ce moment-là qu'il dit ressentir de plus en plus l'envie de s'engager en politique. Il se rapproche alors du maire du Havre, Antoine Rufenacht et d'Alain Juppé. Après une première défaite aux législatives de 2002, il part faire une carrière dans le privé, dans un grand cabinet d'avocat américain.
Un très proche d'Alain Juppé
Fait insolite, Edouard Philippe a écrit deux romans de fictions, avec son ami Gilles Boyer, lui-aussi très proche d'Alain Juppé. Après avoir conseillé le maire de Bordeaux lorsque ce dernier était ministre de l'Ecologie, du Développement et de l'Aménagement durable en 2007, il retourne dans le privé, chez Areva, en tant que publiciste.
Mais la politique le rattrape très vite. En effet, il remporte la mairie du Havre en 2010 et devient député deux ans plus tard. Edouard Philippe bénéficie d'une bonne popularité dans sa ville, puisqu'il est réélu en 2014 à l'issue du premier tour du scrutin. Son engagement prend une dimension nationale lorsqu'il devient le porte-parole de son mentor Alain Juppé lors de la primaire de la droite. Comme un grand nombre d'élus LR, il se met en retrait de la campagne présidentielle lors de la révélation des affaires concernant François Fillon.
Un pro-européen convaincu
D'un point de vue idéologique, Edouard Philippe prône l'ouverture et l'avènement d'une Europe forte, comme Emmanuel Macron. A ce sujet, il déclarait notamment dans un article du Point que «La construction européenne est la seule manière crédible d'éviter que les Européens ne s'entretuent (...). Il est impératif d'aller toujours plus loin dans ce processus».
Récemment d'ailleurs, il n'a pas hésité à faire part de ses doutes sur le fonctionnement des partis dits traditionnels. Si Emmanuel Macron gagne la présidentielle, affirmait-il dans Libération le 3 mai dernier, «il devra transgresser. Sortir du face-à-face ancien, culturel, institutionnalisé et confortable de l'opposition droite-gauche pour constituer une majorité d'un nouveau type. Son chemin sera étroit. Et risqué».
Une analyse qui correspond en tout point à celle du président élu, qui a fait du renouvellement en politique l'un de ses chevaux de bataille. Pressenti à Matignon, Edouard Philippe pourrait incarner justement l'ouverture du président élu à droite. Interrogé en 2010 sur le métier qu'il aurait voulu faire s'il n'avait pas été en politique, le maire du Havre avait d'ailleurs répondu qu'il se verrait bien endosser l'habit d'un chef d'orchestre.