Après sa victoire dimanche, le centriste va tenter de construire une majorité à l’Assemblée en juin prochain. Mais la tâche s’annonce très délicate.
Les yeux rivés vers l’avenir. La joie de l’élection passée, Emmanuel Macron doit dès à présent penser à l’après, à savoir les législatives des 11 et 18 juin prochain. Car, pour pouvoir initier les réformes promises, le président élu devra s’assurer une majorité parlementaire stable.
Une tâche qui s’annonce ardue, tant le paysage politique apparaît morcelé. Conscient d’avoir été élu dans un contexte de recomposition, tout l’enjeu est donc pour lui de rassembler pour espérer l’emporter une deuxième fois.
Un mois pour convaincre
Dimanche soir, au Louvre, Emmanuel Macron a averti qu’il n’aurait «pas d’état de grâce» après sa victoire. Car le temps presse. En effet, la formation En Marche !, favorite des législatives avec 26 % des intentions de vote (Harris Interactive), n’a plus qu’un mois pour convaincre. Le mouvement, rebaptisé lundi La République en marche, dévoilera d’ici à jeudi le nom de ses 577 candidats investis.
Avec, là encore, une volonté de renouvellement, la moitié d’entre eux étant issus de la société civile. Un pari ambitieux, puisque, pour obtenir la majorité absolue à l’Assemblée, le parti doit remporter au moins 289 sièges. S’il venait à réussir, il s’agirait d’une première, le mouvement ayant été créé il y a un an à peine.
L’enjeu est grand pour Emmanuel Macron, qui entend incarner le changement. Pour mettre en œuvre certaines mesures, déjà très décriées, comme celles concernant l’assurance chômage, il n’aura pas d’autre choix que de disposer d’une avance parlementaire confortable. Une mission d’autant plus complexe qu’une grande partie des électeurs a manifesté sa réticence, avec une abstention quasi-record de 25 % au second tour.
Reconnaissant que sa victoire n’était pas «un blanc-seing», le président élu a fait du rassemblement son premier défi. A commencer par sa propre équipe gouvernementale. Fervent défenseur d’une ligne transpartisane, il pourrait désigner un Premier ministre issu des Républicains. Une main tendue qui pourrait fragiliser ses adversaires de droite aux législatives.
Des forces politiques éclatées
La pression est forte sur le mouvement du futur chef de l'Etat, car les perdants de la présidentielle comptent bien prendre leur revanche. A commencer par LR, crédités de 22 % en juin. Dès dimanche, François Baroin, chef de file du parti pour les législatives, a assuré qu’il «se battrait» pour obtenir «la majorité absolue», est imposer une cohabitation qui serait d’une forme inédite. Même volonté du côté du FN (22 %), qui entend incarner la principale force d’opposition et obtenir plus que ses deux députés élus en 2012.
Mais Emmanuel Macron pourrait aussi être gêné à gauche. Jean-Luc Mélenchon, estimé à 13 %, a assuré qu’il fallait «rompre avec le passé», en juin. Reste le PS, qui devra déterminer aujourd’hui, lors de son bureau national, la marche à suivre, compte tenu de son possible très faible score, estimé à 8 %.