Longtemps accusé d'être trop vague dans ses propositions, Emmanuel Macron a abattu ses cartes sur son programme début mars.
En février, l'ancien banquier avait jugé que c'était une «erreur» de penser que le programme était «le coeur» d'une campagne. Le leader du mouvement «En marche !» avait néanmoins esquissé les grandes lignes dans son livre-programme «Révolution» où il s'y présente à la fois comme «libéral» et «de gauche» et où il affirme vouloir privilégier une «troisième voie», qui par exemple, protège «non pas les emplois mais les salariés».
Il avait par ailleurs distillé quelques points saillants de son projet sur quelques thématiques. Le 24 février, l'ancien ministre de l'Economie dévoilait son programme économique. Les jours suivants, il levait le voile sur des ambitions en matière de santé ou sur les banlieues.
60 milliards d'économie
Emmanuel Macron veut économiser 60 milliards d'euros sur le budget de l'Etat sur cinq ans, dont 25 milliards sur la seule «sphère sociale». Il veut ainsi réduire de 15 milliards les dépenses liées à l'assurance maladie, ce sans supprimer de poste dans l'administration hospitalière. Il ambitionne également de réduire de 10 milliards d'euros les dépenses de l'assurance chômage.
Autre secteur dans lequel l'ancien ministre de François Hollande souhaite réaliser des économies, les collectivités locales, où il veut réduire de 10 milliards les dépenses. Il veut pour ce faire «nouer un pacte» avec celles-ci en leur donnant des «marges de manoeuvre». Elles auraient aisni plus de latitude concernant l'évolution du salaire des fonctionnaires et «pourront revenur sur la réforme des rythmes scolaires».
Emmanuel Macron veut aussi réduire le nombre de fonctionnaires, en supprimant 120.000 emplois (70.000 dans les collectivités et 50.000 pour l'Etat). Il envisage aussi le retour à un seul jour de carences pour les fonctionnaires, une mesure instaurée par la droite et abrogée par François Hollande en 2012.
Individualiser l'impôt sur le revenu
L'ex-ministre veut mettre en oeuvre une «politique fiscale plus réaliste» : «sur le quinquennat, mon objectif est d'aboutir à une baisse nette des prélèvements obligatoires de 20 milliards, pour soutenir le pouvoir d'achat et l'investissement», a-t-il expliqué.
Emmanuel Macron veut permettre aux couples le choix d'individualiser l'impôt sur le revenu, et promet des réductions d'impôt «pour environ 10 milliards d'euros» pour les classes populaires et moyennes, dès le début du quinquennat.
Diminuer l'impôt sur les sociétés
Emmanuel Macron veut ramener l'impôt sur les sociétés de 33,3% à la moyenne européenne, soit 25%.
Supprimer (en partie) la taxe d'habitation
Estimant qu'il s'agit d'un impôt «injuste», Emmanuel Macron veut exonérer de taxe d'habitation 80% des «ménages modestes et de classe moyenne». De manière générale, il souhaite mettre en place «une politique d'exonération sur les impôts locaux».
Emploi : assouplir les 35 heures
Le candidat entend «réformer en profondeur le marché du travail et la formation professionnelle» et «déconcentrer l'organisation de la vie économique et sociale au niveau de la branche et de l'entreprise».Il souhaite ainsi assouplir les 35 heures par des «accords négociés majoritaires». «Les 35 heures, ça marche très bien dans certains secteurs mais il y a des secteurs où elles posent un vrai problème de compétitivité ou d'organisation» a-t-il estimé.
Emmanuel Macron affirme ne pas avoir l'intention de modifier le SMIC mais veut toutefois «alléger les cotisations salariales et patronales». Il envisage également d'instaurer un bonus-malus pour les entreprises abusant des CDD courts, afin de favoriser les CDI.
Les allocation chômage conditionnées
Macron veut suspendre le versement des allocations chômage après le refus de plus de deux offres d’emploi « décent », pour un salaire qui « n’est pas inférieur de plus de 20-25 % » à l’ancien poste.
Plus de flexibilité sur le chômage
Emmanuel Macron estime que le «taux de chômage peut raisonnablement atteindre 7% en 2022». Il a ainsi annoncé une «décentralisation des négociations sociales : c'est la loi qui définira l'ordre public social (...) Il faut assumer davantage de flexibilité». Il mise sur une réforme de l'Unedic pour «aller vers une assurance-chômage universelle».
50 milliards d'investissement public
Emmanuel Macron propose d'investir 50 milliards d'euros sur la durée du quinquennat, dont 15 seraient consacrés à la formation des jeunes et des demandeurs d'emploi, et 15 autres à la transition écologique et énergétique.
Concernant les banlieues, le candidat à la présidentielle entend proposer l'instauration des «emplois francs». En clair, une entreprise qui embauchera un habitant d'un des 200 quartiers prioritaires de la politique de la ville touchera une prime de 15 000 euros.
Transformer le RSA
Comme il l'a annoncé sur France Inter mercredi 1er février, l'ancien ministre de l'Economie souhaite augmenter la prime d'activité pour les gens au Smic. «Aujourd'hui, le lissage n'est pas bon, ce qui fait que quand vous rentrez dans le travail avec un Smic à temps partiel ou un Smic et que vous étiez au RSA, vous n'avez par la prime d'activité, vous n'êtes pas incité forcément à travailler», a-t-il expliqué, estimant que «le gain marginal est trop réduit». «Ca, on va l'augmenter pour en gros 100 euros par mois pour quelqu'un qui est au Smic», a-t-il affirmé. Emmanuel Macron souhaite également «supprimer la totalité des charges au niveau du Smic», une mesure qui était déja prévue dans le pacte de responsabilité en 2014.
Sécurité : «Restaurer l'autorité de l'Etat»
Dans un entretien publié par le Figaro le 17 février, Emmanuel Macron promet la «tolérance zéro à l'égard de la délinquance» et des violences policières. Il annonce aussi la création d'au moins 15.000 places de prison au cours du quinquennat.
«Trop souvent, ce type de décision est pris en fin de mandat. Je poursuivrai les bonnes décisions de Jean-Jacques Urvoas», l’actuel ministre de la Justice, assure-t-il. Dans un rapport remis fin septembre 2016, Jean-Jacques Urvoas s'était dit en faveur de la construction d'ici à 2025 d'environ 10 000 à 16 000 cellules.
Justice : Supprimer l'aménagement automatique des peines
Le candidat socialiste souhaite supprimer l'aménagement automatique des peines. Il suggère de revenir sur la réforme pénale de Christiane Taubira en abrogeant «le principe de l’automaticité d’aménagement des peines inférieures à deux ans».
Ce système «conduit soit à durcir les peines pour être certain qu’elles connaissent un début d’exécution, soit à les rendre inutiles puisqu’elles ne sont pas exécutées», assure ainsi au Figaro l’ancien ministre de l’Economie.
Interrogé sur le budget qu’il souhaite allouer à la justice, le leader d'En Marche ! s'est exprimé sur la nécessité «d’investissements importants», en évoquant «un plan de numérisation des procédures».
Retraites : un système à la carte
Le candidat à la présidentielle a fait savoir qu'il entendait «protéger le pouvoir d'achat des petites retraites». Mais comme pour les 35 heures, il souhaite moduler l'âge de départ à la retraite en fonction des métiers, en la faisant passer de 60 ans minimum à 67 ans maximum. Le 2 mars, il plaidait pour que l'âge de la retraite et le montant des pensions restent inchangés, tandis que le minimum retraite et l'allocation des handicapés seraient augmentés de 100 euros par mois.
Dans le cadre d'une «grande loi» de moralisation de la vie publique, réclamée par François Bayrou, Emmanuel Macron propose également de mettre fin au régime spécial de retraite des parlementaires.
La fin des régimes spéciaux
Nouveau gros chantier social proposé par le candidat Macron, là où Alain Juppé avait échoué en 1995: la fin des régimes spéciaux de retraites, avec une harmonisation progressive des règles «qui seront les mêmes pour tous les régimes» et une «vraie fin des inégalités entre fonctionnaires et salariés du privé».
Education : une autonomie accrue pour les établissements
Emmanuel Macron affirme vouloir donner la priorité à l'éducation, et notamment à l'école primaire. Il veut offrir une autonomie accrue pour les établissements, mettre fin au système d'école primaire unique, et refonder la carte scolaire. Le tout dans le but d'aider notamment les écoles des quartiers en difficulté, en y attirant plus de professeurs expérimentés, qui bénéficieraient donc d'une liberté pédagogique accrue, mais seraient aussi mieux payés. Il propose de continuer à créer des postes d'enseignants lors du prochain quinquennat, «entre 4.000 et 5.000». Et le téléphone portable ne serait pas seulement interdit en classe, mais dans toute l'enceinte des écoles et des collèges.
Réforme administrative : supprimer certains départements
Emmanuel Macron a annoncé vendredi 9 décembre qu'il souhaitait supprimer certains départements s'il était élu président de la République. Seraient concernés les départements situés dans les zones les plus urbanisées et structurées par des métropoles. L'ensemble des départements seraient en revanche maintenus dans les zones rurales. Il compte supprimer 120.000 postes de fonctionnaires globalement.
Culture : un «pass culturel» de cinq-cent euros pour les jeunes
Emmanuel Macron a proposé vendredi 27 janvier la mise en place d'un «pass culturel» : cinq-cent euros mis à la disposition de tous les jeunes le jour de leurs 18 ans, qu'ils pourront dépenser dans l'achat de livres ou lors de différents événements culturels. Cette mesure serait financée par l'État «pour une partie très minoritaire» ainsi que par les industries numériques. Il a déclaré souhaiter que «100% des enfants aient accès à l'éducation artistique», notamment par le biais «d'appels à projets», financés par les villes et l'État.
Une loi de modernisation de la vie publique
Dans le cadre d'une «grande loi» de modernisation de la vie publique, réclamée par son nouvel allié, François Bayrou, veut mettre fin au régime spécial de retraite des parlementaires. Le candidat veut aussi interdire «aux parlementaires l'emploi de proches ou de membres de leur famille, pour mettre fin au népotisme», ou empêcher ces mêmes parlementaires d'exercer des activités de conseil.
Création d’un fonds pour l'innovation financé par les participations d'Etat
Emmanuel Macron souhaite créer un «fonds pour l'industrie et l'innovation» abondé de 10 milliards d'euros tirés des dividendes des participations de l'Etat et sans doute des privatisations. Il propose que les dividendes des diverses participations de l'Etat dans les entreprises publiques (Airbus, EDF, Renault, SNCF, Air France, Thales, Safran etc.) soient dirigés vers ce fond au lieu d'abonder le budget de l'Etat.