Emmanuel Macron a assuré mardi que «rien n'est gagné» dans la bataille du second tour de la présidentielle face à Marine Le Pen, répondant à un avertissement de François Hollande, pour qui le score du FN au premier tour ne doit pas être sous-estimé.
Très offensive, la candidate du Front national, arrivée dimanche deuxième derrière Emmanuel Macron avec un record de voix historique pour son parti,multipliait pendant ce temps les œillades aux électeurs de François Fillon et Jean-Luc Mélenchon. «L'enjeu, c'est que le Front national soit le plus faible possible» le 7 mai, a affirmé le chef de l'État depuis Laval, estimant qu'«il n'y a pas eu de prise de conscience de ce qui s'est passé dimanche».
«Je pense qu'il convient d'être extrêmement sérieux et mobilisé, de penser que rien n'est fait parce qu'un vote ça se mérite, ça se conquiert», a averti François Hollande, qui avait appelé lundi à voter pour son ancien conseiller et ministre. En marge d'une visite à l'hôpital de Garches (Hauts-de-Seine), Emmanuel Macron lui a répondu en affirmant que «rien n'est jamais gagné, il faut se battre».
Le candidat d'En Marche! a aussi assuré n'avoir «aucun regret» d'avoir célébré dimanche sa première place à la brasserie parisienne La Rotonde. «C'était sincère et je l'assume totalement», a-t-il rétorqué sur France 2, ajoutant «ne pas avoir de leçon à recevoir».
Deux stratégies
Marine Le Pen avait commencé la journée au marché de gros de Rungis (Val-de-Marne). A défaut d'obtenir des soutiens d'élus LR, elle a eu «une pensée pour les électeurs de François Fillon», victimes selon elle d'une «trahison» du candidat qui a appelé dès dimanche soir à voter Emmanuel Macron.
A destination des électeurs du leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui n'a pas pris position pour le second tour, elle s'est posée en candidate de la «régulation», contre Emmanuel Macron, partisan «du libre-échange total». Le candidat d'En Marche! a fait un signe aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon, se disant sur France 2 «triste» pour eux. «Je pense qu'ils valent beaucoup mieux que ce qu'il leur a dit dimanche soir», a-t-il déclaré.
Stratégie de terrain pour Le Pen
Marine Le Pen tiendra jeudi soir un meeting à Nice, bastion de la droite qui a placé François Fillon devant elle, puis au Parc des Expositions de Villepinte pour un grand meeting à l'occasion du traditionnel 1er mai frontiste. Cette stratégie de forte présence sur le terrain contraste avec celle d'Emmanuel Macron, qui a annoncé à la dernière minute sa visite à Garches et prévoit mercredi un déplacement dans la Somme. Il se rendra à l'usine Whirlpool d'Amiens, menacée de fermeture, avant un meeting dans le Pas-de-Calais à Arras, deux départements où Marine Le Pen est arrivée en tête dimanche.
L'attitude du candidat, qui a consacré son début de semaine à des consultations en vue d'une future majorité au risque de donner l'impression d'«enjamber» le second tour, a été critiquée par le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis.
Divergences à droite
Les deux finalistes se sont retrouvés mardi dans la cour de la préfecture de police à Paris, à l'invitation de François Hollande, lors de l'hommage national au policier tué jeudi dernier dans un attentat sur les Champs-Élysées. A droite, le débat est lancé en coulisses. Des proches d'Alain Juppé devaient se retrouver mardi soir à Paris autour du maire de Bordeaux, qui a jugé nécessaire de «revoir la ligne politique» de LR.
Le bureau politique du parti a avalisé lundi un texte de compromis appelant à «voter contre Marine Le Pen pour la faire battre au second tour», sans appeler à voter Macron. Ce compromis masque des divergences entre un Laurent Wauquiez qui exclut de participer à une coalition autour d'Emmanuel Macron et un Bruno Le Maire qui n'aurait «aucune hésitation» à intégrer le gouvernement si le leader d'En Marche! se retrouvait sans majorité claire à l'Assemblée.
Pour sa part, Nicolas Sarkozy va annoncer qu'il votera en faveur de l'ex-ministre de l’Économie, selon des sources LR concordantes. Au PS aussi, les tensions sont vives après la cinquième place de Benoît Hamon et les doutes sur la stratégie à suivre avant les élections législatives. Manuel Valls, partisan d'un rapprochement avec En Marche! dans le cadre d'une future majorité, a ainsi prévenu devant ses proches que «personne ne peut nous exclure du PS» à cause du soutien à M. Macron.