Alors que le scrutin se rapproche, un électeur sur trois n’a pas encore fait son choix. L’enjeu est donc de mobiliser pour pouvoir l’emporter.
L’incertitude règne plus que jamais. Au terme d’une campagne marquée par des rebondissements sans précédent, les onze candidats n’ont désormais plus que cinq jours pour convaincre.
D’ici au premier tour de la présidentielle, alors que les écarts dans les sondages ont fondu, avec un carré de tête au coude à coude, tout l’enjeu sera donc pour chacun de convaincre les électeurs indécis, afin d’espérer se qualifier pour le 7 mai prochain.
Un premier tour dans le flou
Le 23 avril s’annonce, à l’image de la campagne, hors norme. Une situation s’expliquant notamment par un contexte inédit, marqué par la fin du clivage traditionnel droite-gauche, qui a bousculé les lignes. Actuellement, 33 % des électeurs ne sont d’ailleurs pas encore sûrs de leur choix. «Cette volatilité, le fait que les gens soient de plus en plus défiants, [...] fait que les niveaux de participation resteront imprévisibles jusqu’au jour du vote», assure le politologue Jean Chiche, rattaché au CNRS.
Autre preuve que cette dernière semaine sera cruciale, les indécis disent, selon un récent sondage BVA, «attendre d’être pleinement convaincus» (37 %) pour se prononcer. Pour mobiliser ces électeurs, les candidats vont donc tenter donc des coups de force. Notamment ceux disposant de la base électorale la plus fragile, à savoir Emmanuel Macron (61 % des électeurs sûrs de leur choix) et Jean-Luc Mélenchon (60 %).
Alors que le premier a réuni 20 000 militants, hier à Bercy, le second doit donner demain un meeting qui sera retransmis en hologramme dans six villes de France. De leur côté, François Fillon et Marine Le Pen disposent de la base la plus solide (environ 80 % d’électeurs sûrs de leur choix), mais peinent à en mobiliser de nouveaux.
Autre élément clé du scrutin : l’abstention. Avec une participation estimée à 70 % (Ifop), l’issue est difficile à prévoir. Un taux loin des précédentes présidentielles, autour de 80 %, à l’exception de 2002. Cette année, marquée par l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour, 28,4 % des électeurs n’étaient pas allés voter. Jean Chiche s’attend ainsi à ce que le niveau d’abstention dimanche «soit dans les eaux de celui de 2002».
Le 7 mai en toile de fond
Pour la première fois sous la Vème République, le premier tour pourrait donc être encore plus crucial que le second. Car, selon les prévisions, quel que soit le cas de figure, si Marine Le Pen se qualifie, son concurrent serait assuré d’accéder à l’Elysée. Que ce soit Emmanuel Macron (65 %), Jean-Luc Mélenchon (63 %) ou bien François Fillon (58 %), selon un sondage d’Elabe.
De même, si Emmanuel Macron se qualifie, il est donné gagnant face à tous ses concurrents. En revanche, François Fillon, quant à lui, serait battu par tout autre adversaire que Marine Le Pen, y compris Jean-Luc Mélenchon (59 %-41 %).