A l'approche du premier tour de l’élection présidentielle, tour d’horizon des propositions des onze candidats concernant les droits des femmes.
Jean-Luc Mélenchon
S’il est élu à la présidence de la République, le candidat de la France Insoumise fera «adopter une loi contre le sexisme» et imposera «l’égalité des conditions entre les femmes et les hommes dans les institutions politiques, administratives, économiques, syndicales et associatives». Cette parité s’étendra au service citoyen «obligatoire pour les femmes et les hommes», ainsi qu'à la garantie de «l’égalité entre le sport féminin et masculin, y compris en matière de diffusion à la télévision».
Dans le monde de l’entreprise, Jean-Luc Mélenchon étendra «à toutes les entreprises l’obligation d’adopter un accord d’entreprise contre les inégalités de salaires et de carrière entre hommes et femmes». Ceux qui transgressent cette règle seront sévèrement puni, les sanctions «pouvant aller jusqu'à l'interdiction d'accès aux marchés publics».
Fervent défenseur du droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), Jean-Luc Mélenchon affirme vouloir inscrire dans la Constitution «le droit fondamental de disposer de soi en toutes circonstances». En ce qui concerne la procréation, le candidat propose de «reconnaître le droit à la procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes les femmes, [et] refuser la gestation pour autrui (GPA)».
Dans cette campagne électorale, Jean-Luc Mélenchon est le seul à proposer l'abolition de la prostitution.
Emmanuel Macron
Dans son programme, le candidat du mouvement En Marche ! affirme sa volonté de «faire de l’égalité entre les hommes et les femmes une cause nationale». Pour ce faire, Emmanuel Macron promet que s'il était élu président de la République, la parité sera respectée en politique grâce à sa mise en place «dans les nominations des grands postes de l’Etat (agences et directeurs d’administration).»
Cette parité s’appliquera à la totalité des entreprises et sera assurée par «le Défenseur des Droits [qui] aura pour mission de favoriser les opérations de contrôle aléatoires et imprévus à grande échelle sur les politiques salariales et de ressources humaines, et de rendre publics les résultats»
Le programme d’Emmanuel Macron défend «le droit à l’interruption volontaire de grossesse» et est favorable «à l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) pour les femmes seules et les couples de femmes». Il promet également de «lutter sans relâche contre le harcèlement et les agressions qui touchent les femmes» grâce à une campagne de sensibilisation et la généralisation du téléphone d’alerte pour secourir les victimes de violences.
François Fillon
Pour François Fillon, l'égalité des sexes s’apprend dès le plus jeune âge. Dans son «projet pour la France», le candidat des Républicains affirme vouloir «effectuer dès l’école primaire un travail de pédagogie sur le respect des femmes avec la création d’un modèle inspirant d’égalité homme/femme».
Le programme de François Fillon s’attarde particulièrement sur la situation des mères isolées : le candidat souhaite en effet leur «faciliter le retour dans l’emploi» avec la mise en place de «dispositifs de formation conciliables avec le mode de vie et les contraintes des femmes seules». Elles bénéficieront également d’un accès prioritaire «aux logements sociaux».
La garde d'enfants étant une problèmatique touchant particulièrement les mères de famille, des «dispositifs incitatifs pour encourager les entreprises de plus de cinquante salariés à créer leur propre crèche d’entreprise» seront mis en œuvre. De plus, François Fillon envisage la création de «plateformes d’échange intergénérationnelles» sous la supervision de l’Etat, afin de soulager les mères.
Même s’il a déjà exprimé son désaccord personnel concernant l’IVG, François Fillon a affirmé, lors d'un entretien à Famille Chrétienne, que «personne ne reviendra sur la loi Veil» mais qu'il abrogera le délit d'entrave numérique à l'IVG s'il était élu.
Seul candidat à proposer des mesures contre le sexisme en politique, François Fillon s'engage à «exclure de leur mandat et rendre inéligible tout élu ou membre de l’exécutif dans les cas de harcèlement sexiste ou d’agressions sexuelles avérées».
Benoît Hamon
Dans son projet, le candidat du parti Socialiste affirme sa volonté de doubler « les moyens du Ministère des Droits des Femmes », qui possède actuellement le portefeuille le moins fourni du Gouvernement.
Les partis politiques qui ne respectent pas la parité seront plus lourdement sanctionnés par le président Hamon, sanctions qui s'appliqueront aux entreprises du secteur privé et du secteur public qui transgressent l'égalité salariale.
Lors d'un entretien accordé au quotidien Libération, le candidat du PS a soutenu que sa promesse phare, le revenu universel, concernera «notamment les femmes, surreprésentées dans les emplois peu ou pas qualifiés, les métiers les plus pénibles, avec les horaires les plus décalés». Cette allocation, «c'est aussi une invitation à s'épanouir dans d'autres activités que l'emploi», a-t-il ajouté.
S'il est élu, «le congé paternité sera porté à 6 semaines – soit au même niveau que le congé maternité postnatal obligatoire». Les jeunes parents et les mères isolées pourront, par la suite, bénéficier du service public de la petite enfance proposé par le candidat, «avec 250.000 nouvelles places d'accueil à horaires adaptés en cinq ans».
Favorable à l’IVG, Benoît Hamon affirme sa volonté d’ouvrir «l’accès à la procréation médicalement assistée aux femmes seules et aux couples de femmes».
Il est le seul candidat à proposer la simplification du «droit à changer la mention du sexe à l’état civil pour les personnes trans».
Jacques Cheminade
Pour sa troisième campagne présidentielle, Jacques Cheminade met l’accent sur l’emploi des femmes. Le «premier engagement fondamental» du candidat est ainsi de «faire accéder à la formation ceux qui en ont le plus besoin», dont les femmes à la recherche d’un emploi après la maternité.
Toujours dans le cadre du travail, le candidat entend «établir l’indexation des revenus», mesure qui, selon lui, entraînerait «l’égalité salariale homme/femme». Concerné par la santé des «femmes, davantage concernées par la souffrance psychique au travail», des «médecins du travail et inspecteurs du travail» seront formés pour prévenir tous dangers. Les droits des salariées du service public seront également améliorées.
Si Jacques Cheminade ne mentionne pas l’IVG dans son programme 2017, le candidat reprend sa proposition de campagne de 2012, en affirmant vouloir rendre «les conditions de l’IVG plus humaines» grâce à des «conseils pré-IVG» et «post-IVG» généralisés.
Nicolas Dupont-Aignan
Les droits des femmes victimes de violences sont le cheval de bataille du candidat de Debout la France ! pour son projet 2017. Contre ce fléau, Nicolas Dupont-Aignan propose un «véritable plan de lutte contre le harcèlement» ainsi que la mise en place de «téléphones «touche grand danger»» pour venir plus rapidement au secours des victimes. Des structures d’hébergement destinées aux «femmes violentées et leurs enfants» seront installées, et des «peines d'une implacable sévérité» appliquées aux auteurs. Des sanctions «contre les propos et images misogynes allant jusqu'à l'appel à la violence» seront renforcées.
L’égalité salariale sous la présidence de Nicolas Dupont-Aignan, symbolisée par «un label H - F», permettra «un allègement de cotisations pour les entreprises».
Concernant le domaine de la santé, Nicolas Dupont-Aignan propose de «Favoriser les campagnes d’information sur la contraception et la prévention réalisées par le planning familial, y compris auprès des jeunes au lycée». Il entend également améliorer l’assurance des soins spécifiques aux femmes, dont l’accès à l’IVG.
Le candidat de Debout la France ! prévoit d'«interdire les signes religieux ostentatoires à l'hôpital, dans l'entreprise ou à l'Université», en libérant notamment «les femmes des «prisons textiles»» dans ces lieux publics.
Jean Lassalle
Dans son programme, Jean Lassalle promet des mesures pour améliorer la santé des femmes. S'il était élu, «le berger à l'Elysée» entend ainsi «arrêter la logique de regroupement des établissements de santé, qui laissent sans maternité des pans entiers de notre territoire», et «recruter 80.000 aides-soignantes et infirmières supplémentaires».
Contre les violences faites aux femmes, Jean Lassalle propose d’«accueillir spécifiquement dans les commissariat les femmes victimes de violences» et de «financer des familles» pour les accueillir.
Philippe Poutou
Le candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste Philippe Poutou prône «l’égalité entre toutes et tous, femmes et hommes» dans son programme 2017. Si ses mesures ne sont pas explicitées, l'«ouvrier candidat» affirme que selon lui, cette égalité des sexes passe par «l’égalité au travail».
Dans ses propositions concernant le domaine de la santé, Philippe Poutou promet «le libre accès à la contraception et à l’avortement».
La fin des discriminations doit, selon le candidat du NPA, également toucher les LGBTI, à qui il ouvrira l’accès à la procréation médicalement assistée et l’adoption.
Nathalie Arthaud
«Il faut être révolutionnaire pour mener le combat pour les droits des femmes d’une manière conséquente», constate la candidate de Lutte Ouvrière dans ses positions pour les droits des femmes.
L’une des deux candidates féminines exprime, pour sa campagne 2017, son désaccord contre «les pressions pour le port du voile» et «ceux qui remettent en cause le droit à l’interruption volontaire de grossesse». Elle revendique également les droits dont jouissent les prostituées, sans toutefois donner plus de détails sur la mise en place de ces mesures.
Une augmentation des moyens financiers et humains consacrés à l’hébergement «des mineurs isolés et des jeunes exclus, notamment LGBT», ainsi que «des victimes de violences, en particulier sexuelles et conjugales» sera décidée si Nathalie Arthaud accédait au poste de présidente de la République.
Marine Le Pen
Dans son projet pour «Défendre les droits des femmes», Marine Le Pen prévoit la mise en place d’«un plan national pour l’égalité salariale homme/femme», «l’universalisation des allocations familiales» «réservées aux familles françaises», et le rétablissement de «la demi-part des veuves».
Si elle ne s’est pas prononcée concernant l’IVG, son parti, le Front National, a affirmé dans un communiqué que l'interruption volontaire de grossesse demeurait un «droit fondamental». La candidate frontiste a cependant précisé dans son programme qu'elle entend «réserver la procréation médicalement assistée (PMA) comme réponse médicale aux problèmes de fertilité».
Parmi les onze candidats, Marine Le Pen est la seule à vouloir revenir sur le mariage homosexuel en instaurant «une union civile qui viendra remplacer les dispositions de la loi Taubira, sans effet rétroactif» sur les couples déjà mariés.
François Asselineau
La question des droits des femmes est absente des propositions du candidat du Frexit, et pour cause : dans son programme, qui comprend 198 mesures, le mot «femme» n’apparaît qu’à deux reprises dans le dernier thème abordé : la «Moralisation de la vie politique».
Ainsi, si François Asselineau était élu à la tête de l'Etat, il veillera à ce que la première dame de France soit appelée la «femme du président de la République», et «si une femme était élue présidente», son mari sera connu comme «le mari de la présidente».