Jeudi, le Sénat rend hommage à l’ancien député gaulliste Lucien Neuwirth, surnommé «père de la pilule» pour avoir fait voter, il y a cinquante ans, une loi sur la légalisation de la contraception.
La commémoration est en avance de quelques mois, puisque la loi a été promulguée le 28 décembre 1967, mais elle coïncide avec la sortie d’un timbre postal à l’effigie du réformateur, disponible le même jour.
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Lorsqu’il a présenté son projet sur la régulation des naissances, visant non seulement à autoriser la contraception mais aussi à faciliter l’accès à l’information, les réactions ont été violentes à l'encontre de Lucien Neuwirth, même dans son propre camp. Il s'agissait en fait d'abroger la loi en vigueur depuis 1920 qui interdisait «la propagande et l'utilisation de moyens de contraception» dans une France encore très conservatrice.
Il a finalement su convaincre le général de Gaulle et le Parlement, en expliquant les ravages des grossesses non désirées et des avortements clandestins, après avoir découvert à Londres un contraceptif en vente libre : la gynomine.
La proposition de loi de Lucien Neuwirth est discutée au Parlement en juillet 1967 et est adoptée définitivement en décembre de cette même année. Il faudra attendre un an pour que les premiers décrets d’application soient mis en place.
«Lucien Neuwirth a pris beaucoup de risques pour défendre une position qui était extrêmement novatrice à l'époque : ne pas considérer les femmes uniquement par leur fécondité. C'est le principe fondateur de l'égalité entre les femmes et les hommes», estime Chantal Jouanno (UDI-UC), présidente de la Délégation aux droits des femmes du Sénat.
D’autres moyens plébiscités
Cinquante ans plus tard, la pilule reste le moyen de contraception le plus utilisé en France. Mais, depuis 2013 et la révélation des risques cardio-vasculaires accrus par les pilules dites de 3e et 4e génération, cette solution a moins le vent en poupe et d’autres méthodes sont demandées. Stérilets, implants et préservatifs sont de plus en plus utilisés, mais aussi des méthodes moins efficaces comme le rapport en dehors des périodes de fécondabilité ou encore le retrait, qui a progressé de 3,4 points après la révélation du scandale de la pilule, selon le rapport Fécond, publié en 2014.
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La science fait également des progrès en matière de contraception, pour les hommes cette fois. D’après un rapport rendu public mardi, un gel, testé avec succès sur les singes, pourrait être une alternative pour contrôler les naissances, moins contraignante que le preservatif et pas définitive comme la vasectomie.