Les quelque 300 profils identifiés comme les «plus durs» seront soumis à un régime de détention particulièrement sévère, proche de l'isolement, a annoncé mardi le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas.
Ils seront fouillés et déplacés plus régulièrement, et feront leur promenade en tous petits groupes, à l'écart des autres détenus. Jean-Jacques Urvoas, qui ne veut pas parler de «déradicalisation», mais se concentre sur un objectif de «rupture à la violence», met ainsi fin à l'expérimentation menée dans cinq unités dédiées des prisons de Fresnes, Fleury-Mérogis, Osny et Lille-Annoeullin.
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Le ministre a salué le travail effectué dans ces structures, mais estimé qu'on avait «perdu du temps» faute de coordination entre elles. Les premières avaient ouvert fin janvier, après le lancement d'un programme national décidé après les attentats de janvier 2015. C'était notamment l'expérience de Fresnes, où a été créé le premier quartier en octobre 2014 dédié avec une vingtaine de radicalisés séparés des quelque 2.200 autres détenus, qui avait servi à penser les unités.
Six quartiers d'évaluation de la radicalisation
Début septembre, un détenu placé dans une unité dédiée, à Osny (Val-d'Oise), avait violemment agressé deux surveillants. Ces «unités dédiées» vont céder la place à six «quartiers d'évaluation de la radicalisation», quatre en région parisienne, un dans la région de Bordeaux, et un dans la région de Marseille, où seront placés 120 détenus au total, pour une durée de quatre mois.
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Pour le reste, 27 établissements répartis sur tout le territoire mettront en place une «prise en charge spécifique» pour des détenus radicalisés, mais ne présentant pas une dangerosité maximale. 349 personnes, déjà condamnées ou en attente de procès, sont actuellement détenues en France pour des faits en relation avec le terrorisme, contre 90 en 2014. Au total, les prisons françaises comptent actuellement 1.336 détenus, le plus souvent incarcérés pour des faits de droits commun, considérés comme «radicalisés». Ils étaient 700 l'an dernier.
La question de la sécurité en prison
De manière générale, M. Urvoas veut remettre à plat la question de la sécurité en prison: il va créer une sous-direction entièrement dédiée à cette question, renforcer le «renseignement pénitentiaire», créer des «équipes de sécurité» mieux coordonnées, et armer les agents réalisant des missions extérieures, une revendication syndicale de longue date. Le ministre a indiqué qu'il avait dû activer six fois depuis son arrivée à la Chancellerie en début d'année une «cellule de crise» pour gérer des incidents en prison.