Trois jours après l'attentat de Nice, les investigations semblent démontrer que le tueur, dont le profil reste flou, a préparé son carnage et les enquêteurs cherchent à identifier d'éventuels complices parmi les contacts de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel.
Voici un résumé de ce que l'on sait :
Un tueur déterminé, qui a préparé son carnage
A ce stade, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, Tunisien résidant à Nice depuis plusieurs années, ne présente pas le visage d'un jihadiste chevronné. Mais il semble avoir préparé la tuerie. Dès le 4 juillet, le chauffeur-livreur de 31 ans réserve à Saint-Laurent du Var, près de la grande ville azuréenne, un poids lourd pour une location à compter du 11 juillet. Les 12 et 13 juillet, il repère les lieux avec ce véhicule, selon une source proche du dossier.
Ces repérages, le choix du lieu et l'heure de l'attaque laissent peu de doute sur son intention de faire le maximum de victimes: lorsqu'il lance le 19 tonnes sur la Promenade des Anglais, quelque 30.000 personnes viennent d'assister au feu d'artifice du 14 Juillet. Il tue 84 personnes, et le pronostic vital restait engagé dimanche pour 18 blessés.
La recherche de complices
Inconnu des services antiterroristes, Lahouaiej-Bouhlel a-t-il agi seul ? Dans les SMS retrouvés dans son téléphone, le tueur se félicite peu avant l'attaque de s'être procuré le pistolet 7.65 qu'il utilisera plus tard contre des policiers, avant d'être abattu, et évoque la fourniture d'autres armes. A qui étaient destinés les textos ? Et les autres armes ? Plus de 200 enquêteurs de la Direction centrale de la police judiciaire sont mobilisés pour "identifier l'ensemble des destinataires" des messages, a expliqué une source proche du dossier. Les investigations sont également menées par la Direction générale de la sécurité intérieure.
Sept personnes étaient toujours en garde à vue dimanche. L'avocat d'un des hommes interrogés a expliqué que son client, une connaissance du tueur, était soupçonné de lui avoir apporté un soutien logistique, mais qu'"il n'y a rien" contre lui. Un couple d'Albanais a également été arrêté dimanche, dont l'homme a été désigné par un témoignage comme celui qui a fourni le pistolet à Lahouaiej-Bouhlel. Reste à savoir si ces personnes connaissaient son projet, ce qui en ferait de véritables complices.
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Un profil encore flou
Décrit comme très violent, dragueur, dépressif, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, en instance de divorce et père de trois enfants, se serait radicalisé en très peu de temps, selon les autorités. Parmi les centaines de témoins entendus depuis la nuit de l'attentat, plusieurs ont évoqué sa religiosité, selon une source proche du dossier, alors que des voisins ont affirmé qu'il n'avait pas de pratique religieuse affichée. Lors des auditions, des membres de son entourage gardés à vue l'ont décrit comme quelqu'un "qui n'avait pas d'intérêt pour la religion", mais au moins l'un d'eux a évoqué un basculement "récent" vers "l'islam radical" qui pourrait remonter à fin juin.
L'exploitation de son téléphone et de son matériel informatique permettra peut-être d'en savoir plus sur d'éventuels liens avec d'autres jihadistes et sur ses motivations. Dimanche, ce n'était pas le cas, selon une source policière.
Un attentat revendiqué par Daesh
Samedi, le groupe Daesh a revendiqué l'attaque, menée par un "soldat" qui "a exécuté l'opération en réponse aux appels lancés pour prendre pour cible les ressortissants des pays de la coalition" qui combat l'organisation jihadiste.
Le mouvement jihadiste, qui n'a pas l'habitude de revendiquer des actions par pur opportunisme, a multiplié ce type d'appels, et la France, déjà durement frappée, est une cible privilégiée. A Nice, la logistique est beaucoup moins complexe que le 13 novembre, quand une dizaine de jihadistes, dont plusieurs partis de Syrie, et trois véhicules avaient été employés pour faire 130 morts en plusieurs lieux de Paris, avec des explosifs et des bases arrière en Belgique.
"Si vous ne pouvez pas faire sauter une bombe ou tirer une balle (...) débrouillez-vous (...) renversez-les avec votre voiture", encourageait en 2014 le porte-parole officiel de Daesh, Abou Mohammed Al-Adnani. Pour le gouvernement, il s'agit d'un "attentat d'un type nouveau", commis par des personnes qui s'engagent "sans nécessairement avoir participé aux combats" en Syrie, "sans nécessairement avoir été entraînés".