L'ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard, théoricien de la deuxième gauche, est décédé ce samedi 2 juillet à l'âge de 85 ans dans un hôpital parisien a annoncé son fils Francis.
«C'est avec une immense tristesse que j'apprend aujourd'hui la disparition de Michel Rocard. Je me suis engagé en politique par et pour Michel Rocard. Parce qu'il avait dit en 1978 qu'il n'y avait pas de fatalité à l'échec de la gauche. Parce qu'il disait avant les autres que le changement passe par la réforme et non par la rupture», a souligné dans un communiqué le Premier ministre Manuel Valls issu lui-même du rocardisme et qui avait travaillé à Matignon auprès de Michel Rocard. «Michel Rocard a incarné la modernisation de la gauche et l'exigence de dire la vérité», a écrit le Premier ministre qui a rendu hommage à «un militant, un visionnaire, un homme d'Etat».
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De son côté, le président François Hollande a aussitôt salué «une grande figure de la République et de la gauche», qui incarnait «un socialisme conciliant utopie et modernité». «Une grande figure de la République et de la gauche vient de disparaître. Michel Rocard ne dissociait jamais son action de ses idées (...) C'était un rêveur réaliste, un réformiste radical, animé par le mouvement des idées, le sort de la planète et la destinée humaine», a déclaré le chef de l'Etat dans un communiqué publié par l'Elysée.
Premier ministre sous François Mitterand
Né le 23 août 1930 à Courbevoie (Hauts-de-Seine), Michel Rocard s'engage dans la mouvance SFIO (ancêtre du PS) dès 1949 et devient six ans plus tard secrétaire national de l'Association des étudiants socialistes. Il sort de l'Ecole nationale d'administration en 1958 et intègre l'inspection des finances. La même année, il quitte la SFIO, découragé par la politique de Guy Mollet rapporte le Monde.
Hostile à la guerre d'Algérie, il devient patron du PSU (Parti socialiste unifié) en 1967 qu'il dirige jusqu'en 1973 et qui sera un «laboratoire d'idées» pour la gauche. E,n mai 68, il s'oppose à la tendance «dure» du PSU et parvient à faire condamner le recours à la violence. Plus tard, il devient Premier ministre de 1988 à 1991 sous la présidence de François Mitterand, avec qui il entretient des relations conflictuelles, puis, brièvement, premier secrétaire du Parti socialiste de 1993 à 1995. Européen convaincu, il a toujours milité pour une «deuxième gauche» ouverte sur l'économie de marché, et se disait volontiers «socialiste libéral».