La presse revient sur le parcours de l'ancien Premier ministre Michel Rocard, mort samedi, homme politique "paradoxal et compliqué", au destin présidentiel contrarié mais léguant "un vrai héritage", celui de la "gauche moderne".
Que ce soit dans les éditions papier paraissant le dimanche ou dans les versions en ligne des quotidiens qui ne sortent pas en kiosque, la disparition du théoricien de la "deuxième gauche" est à la Une.
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C'est l'apport de Michel Rocard au renouvellement des idées de gauche, qui, avec l'opposition frontale à François Mitterrand et son phrasé un peu abscons, retient l'attention des journaux."Michel Rocard, le coeur et la raison", titre Le Journal du dimanche, qui retrace "l'oeuvre inlassable d'un réformiste". "Il incarnait la gauche moderne", relève Le Parisien/Aujourd'hui en France.
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Michel Rocard "fut un homme politique paradoxal et compliqué. Rénover la gauche, la réconcilier avec le réel, allier le concret et la rigueur, c’était sa voie", ce qui "ne l’empêcha pas de prendre des chemins de traverse", écrivent Jean-Louis Andreani et Raphaëlle Bacqué dans lemonde.fr.
"Guerre des deux roses"
"Le président empêché", titre Libération en ligne, rendant hommage à "l'ancien Premier ministre, chantre d'un socialisme exigeant et moral" qui "n'aura jamais pu faire valoir ses idées à la présidence".
En cause notamment, "l'exceptionnelle animosité" entre le "vieux sage" Mitterrand et le "jeune fougueux" Rocard, que dépeint Paul-Henri du Limbert dans lefigaro.fr. "Un quart de siècle après son départ de Matignon, la gauche française en est toujours à se combattre, et les adversaires de Manuel Valls usent toujours contre lui des arguments utilisés jadis par les mitterrandistes contre Michel Rocard. Il est mort sans avoir vu la fin de +la guerre des deux roses+", constate l'éditorialiste du Figaro.
"Social-démocrate avant l’heure, cet Européen convaincu appartient à la longue liste des politiques que le destin a fuis", estime Philippe Marcacci dans L'Est républicain, mais "il serait injuste de le réduire à cette vaine opposition. Michel Rocard ne fut pas une belle machine intellectuelle tournant à vide". "Le réformiste laisse un vrai héritage", insiste l'éditorialiste du quotidien lorrain.
"Revenu minimum d’insertion (RMI), contribution sociale généralisée (CSG), accords de Nouméa sur la Nouvelle-Calédonie... Michel Rocard a été nommé par défaut par François Mitterrand à Matignon mais il a su, durant ces trois années, poser des marqueurs", rappelle Laurent Bodin dans L'Alsace. "L’histoire en a fait un Premier ministre à bilan, quoique continûment contrarié, ce n’est pas si fréquent", conclut Denis Daumin dans La Nouvelle République du Centre-Ouest.