L’attentat commis dans les Yvelines lundi soir a plongé les forces de l’ordre dans l’effroi. Elles appellent l’Etat à réagir face à cette nouvelle menace.
Unis face à l’horreur. Comme François Hollande, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve dans la cour de l’Elysée, les policiers de la France entière se sont figés, ce mercredi à midi, dans leurs commissariats, pour une minute de silence. Un hommage collectif au commandant et à sa compagne sauvagement assassinés lundi soir, à leur domicile des Yvelines, par le jihadiste Larossi Abballa. Un couple qui, selon les témoignages, «faisait la fierté de ses proches, de ses amis et de ses collègues». Cet acte «abject», selon les mots du ministre de l’Intérieur, a touché les forces de l’ordre au cœur, attisant plus que jamais leurs inquiétudes.
La peur dans les rangs
Sur le pont depuis l’attentat de Charlie Hebdo, les policiers ont été mobilisés pour l’état d’urgence, la sécurisation de la COP21 et celle de l’Euro, qui s’achèvera le 10 juillet. Sans oublier les manifestations contre la loi travail. Surmenés, ils ont donc encaissé le drame de Magnanville avec une immense douleur. «Ce meurtre au domicile familial, ça a choqué», souligne un syndicaliste. Car l’attaque de Larossi Abballa illustre la nouvelle menace qui plane.
Daesh a en effet appelé à attaquer «les soldats des tyrans, leurs forces de police» avec n’importe quelle arme, si possible «chez eux». Le terroriste a donc ciblé ses victimes pour leur fonction. «Nos collègues pensaient qu’ils étaient à l’abri chez eux, s’alarme Yves Lefebvre, du syndicat Unité SGP Police FO. Au-delà du policier en uniforme, c’est aujourd’hui à sa famille que ces lâches s’en prennent». Face à l’éventualité d’être attaqué n’importe où et n’importe quand, il ne peut que constater : «les policiers, désormais, vont avoir peur.»
Dans les rangs, certains confiaient ainsi s’être levés dans la nuit pour vérifier que leur porte d’entrée était bien fermée, quand d’autres avouaient rester vigilants, même quand ils promènent leur chien. Ils ne pensaient pas, jusqu’à présent, «avoir une cible dans le dos» en rentrant à la maison.
Le port d’armes facilité
Portés par leur émotion, les fonctionnaires sont montés au créneau, afin d’obtenir des moyens pour leur sécurité. L’Intérieur a accepté que les policiers puissent être armés hors service, sur la base du volontariat. Une mesure qui ne valait que dans le cadre de l’état d’urgence, et qui doit prendre fin le 26 juillet. Les syndicats réclament aussi un meilleur suivi des personnes radicalisées. Un appel au placement en rétention de ces individus a été lancé, rejeté par le garde des Sceaux.
Enfin, les policiers demandent que leur anonymat soit mieux respecté dans les médias et les procédures judiciaires. Roland Jacquard, président de l’Observatoire international du terrorisme, propose une «cartographie» des policiers et militaires dans le pays, pour savoir s’ils n’ont pas pour voisin un individu susceptible de commettre le pire. Même quand il n’y a plus d’uniforme.