La CGT "souhaite que l'Euro se déroule comme une vraie fête populaire dans les stades comme dans les fan zones", a lancé jeudi son leader Philippe Martinez.
"Je ne suis pas sûr que bloquer les supporters soit la meilleure image que l'on puisse donner de la CGT", a estimé le numéro un de la centrale, qui ne s'était pas exprimé publiquement depuis quelques jours. Pour autant, le mouvement "n'est pas terminé", a-t-il averti.
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Les tensions persistaient jeudi, à J-1 du lancement de l'Euro-2016 et alors que les premières fan zones seront inaugurées dans la soirée, notamment à Paris et Marseille. Des poubelles qui débordent, la SNCF toujours en grève, de nouvelles manifestations anti-loi travail et bientôt les pilotes... A la veille du coup d'envoi de l'Euro, le gouvernement semblait toujours impuissant jeudi à éteindre une fronde sociale disparate.
Les poubelles débordent à Paris
Depuis l'aube, les opposants ont multiplié les blocages temporaires : les accès au marché de Rungis, le port de Lyon, des voies ferrées à Annecy, Toulouse et Saint-Nazaire, et le périphérique nantais. Dans l'énergie, des débrayages dans plusieurs centrales ont généré une légère baisse de la production, et la CGT revendique avoir basculé plusieurs centaines de milliers de compteurs en heures creuses.
Dans le secteur des déchets, nouveau point névralgique de la contestation, la situation ne se calme guère : les personnels et agents de la Ville de Paris qui bloquent l'usine de traitement des déchets d'Ivry-sur-Seine/Paris 13, plus important centre de traitement de France, ont reconduit leur grève jusqu'à mardi. La collecte des déchets risque de s'en trouver encore plus ralentie à Paris, où les poubelles débordent dans certains quartiers. Le site de traitement des déchets, à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), est aussi bloqué, comme le principal incinérateur des Hautes-Pyrénées.
Rennes, "capitale du mouvement social"
Dans la rue, des milliers de personnes ont encore manifesté notamment à Rennes et au Havre (5.500 selon la police, près de 40.000 selon les organisateurs), qu'un responsable cégétiste a baptisé "capitale du mouvement social". A Paris, plusieurs centaines de personnes ont défilé aux côtés des retraités, eux aussi dans la rue. "C'est pas le moment de lâcher", scandaient les manifestants.
A la SNCF, principal champ de bataille contre le projet de loi, la grève a été reconduite jusqu'à vendredi pour une dixième journée. Mais les assemblées générales ont été moins nombreuses à voter la reconduction, et les scrutins plus serrés. Depuis le 1er juin, la grève lancée par la CGT-Cheminots, SUD-Rail et FO, pour défendre les conditions de travail des cheminots et demander le retrait de la loi travail, est reconduite, malgré un accord consacrant le régime de travail à la SNCF.
Le responsable du trafic en Ile-de-France a déjà prévenu les spectateurs du match d'ouverture de l'Euro que la grève continuerait vendredi et les a incités à venir au stade "le plus tôt possible". Le trafic restait perturbé avec un train sur deux sur les lignes Transilien, RER et Intercités, et 6 TER sur 10. En revanche 80% des TGV roulaient. Chez Air France, les syndicats de pilotes d'Air France maintiennent la pression. A moins de 48 heures du début de leur grève annoncée, du 11 au 14 juin, les négociations avec la direction ont échoué. Le PDG de la compagnie aérienne a annoncé qu'entre 70% et 80% des vols seraient assurés samedi.