La façade de l’Hyper Cacher a été repeinte à neuf, l’enseigne redessinée et les rayons réagencés, mais les souvenirs du 9 janvier sont encore vifs.
Il y a six mois jour pour jour, quatre otages tombaient sous les balles d’Amedy Coulibaly à la Porte de Vincennes, deux jours après la tuerie de Charlie Hebdo. Deux attaques qui ont meurtri la France, poussant les autorités à sécuriser le pays comme jamais. Une vigilance qui reste aujourd’hui à son maximum. Priorité absolue de l’Etat, la protection du territoire. Dans la foulée des attentats, le président François Hollande avait décidé le déploiement de 10 500 soldats, en appui des dizaines de milliers de policiers et gendarmes déjà sur le pont.
Une mobilisation sans précédent, baptisée Sentinelle, qui s’est inscrite dans le temps. Adapté depuis janvier, le dispositif compte aujourd’hui 7 000 hommes chargés de sécuriser les sites sensibles, des lieux touristiques aux gares et aéroports, en passant par les bâtiments publics.
Sentinelle toujours en place
Sans compter les sites religieux des communautés juives, musulmanes et catholiques. Face à l’effort consenti, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, doit d’ailleurs annoncer aujourd’hui des mesures, notamment financières, pour améliorer le quotidien des soldats mobilisés depuis six mois. Outre cette protection, les autorités traquent les réseaux jihadistes. C’est dans cette optique qu’a été adoptée en novembre la loi renforçant la lutte antiterroriste, en introduisant l’interdiction de sortie du territoire, pour éviter les départs au jihad, et le délit d’entreprise terroriste individuelle, pour mieux traquer les loups solitaires.
S’y est ajoutée la loi sur le renseignement, adoptée le mois dernier. A la clé, des moyens renforcés (écoutes, interceptions numériques, balises GPS) donnés aux espions français pour circonscrire la menace intérieure. Un arsenal complété par la prévention que veut mettre en place l’Education nationale pour éviter les radicalisations chez les jeunes, en inculquant les «valeurs de la République».
Un danger permanent
Ce niveau de vigilance affiché par l’Etat répond à une «menace plus que jamais présente», selon le ministère de la Défense. Agressions au couteau de deux militaires à Nice en février, projet d’attentat dans une église déjoué à Villejuif en avril, meurtre sauvage d’un chef d’entreprise près de Lyon en juin… Plusieurs drames ont en effet rappelé ces derniers mois aux Français l’importance et la proximité du danger.
D’autant que les départs vers l’Irak ou la Syrie, terres de formation des apprentis terroristes, ne cessent d’augmenter : 1 750 ressortissants français sont aujourd’hui impliqués dans les filières jihadistes, selon le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, soit trois fois plus qu’il y a dix-huit mois. Un péril qui, selon le rapport remis dernièrement
par le député Malek Boutih (PS) au Premier ministre, pénètre «tous les milieux sociaux». Et pourrait «basculer dans un phénomène de masse».