Les semaines passent mais la vigilance ne faiblit pas. Cinq mois après les attentats perpétrés en région parisienne par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, la France reste sur le qui-vive. Comme en témoigne l’enquête en cours sur l’attaque déjouée à Villejuif (Val-de-Marne), la menace d’une nouvelle frappe terroriste est plus que jamais d’actualité.
En continuant de protéger au maximum la population et en musclant encore davantage la traque des réseaux jihadistes, les autorités envoient un message clair aux terroristes potentiels.
Première priorité, garder en sécurité les citoyens. Une mission à laquelle participent grandement les armées, et dont les moyens sont donc logiquement revus à la hausse. Les députés doivent valider aujourd’hui l’actualisation de la Loi de programmation militaire (LPM) 2015-2019, qui prévoit une enveloppe supplémentaire de 3,8 milliards d’euros pour la Défense.
Le territoire sous protection
Un moyen d’appuyer la colossale mobilisation voulue par François Hollande, avec 7 000 soldats postés (un total qui peut monter ponctuellement à 10 000) devant les sites sensibles du pays, via l’opération Sentinelle. Ce maillage concerne plus de 1 350 lieux communautaires juifs, qui, comme promet le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, seront protégés «aussi longtemps que les circonstances l’exigeront».
Des gestes qui montrent que l’Etat «a pris conscience de la menace», estime Louis Caprioli, ancien responsable à la DST. La rallonge budgétaire accordée à l’armée doit lui permettre d’améliorer son équipement et de souffler au niveau de ses effectifs. Car la lutte contre le terrorisme s’effectue aussi hors des frontières, avec des troupes déployées au Sahel et au Moyen-Orient pour combattre les jihadistes sur place. L’autre aspect du combat est la prévention des attaques, avec le démantèlement des filières de recrutement.
Le gouvernement a donc souhaité renforcer les moyens accordés aux services de renseignement, dans un projet de loi que doivent adopter, également aujourd’hui, les sénateurs. Ce texte entend donner aux agents français plus de marge de manœuvre pour enquêter. Une surveillance des suspects facilitée par les interceptions de messages électroniques, l’écoute des conversations téléphoniques, la pose de micros et de balises. Le tout sous le contrôle d’une commission dédiée.
Les départs au jihad s’accélèrent
Un tel déploiement de force illustre l’ampleur du danger qui guette. Selon les derniers chiffres transmis par Matignon, le nombre de Français impliqués (en partance, en transit, sur place ou revenus) dans le jihad en Syrie ou en Irak est de 1 730.
Ce chiffre a plus que doublé en un an, faisant gonfler au fil des mois l’importance du contingent français parmi les combattants islamistes (Interpol a identifié au total 4 000 combattants étrangers dans les rangs jihadistes). Un «phénomène qui ne pourra être tari tant que la situation ne se sera pas améliorée dans les terres de jihad, en Irak, en Syrie, voire en Libye», s’inquiète Louis Caprioli.