Les soldes d'été s'ouvrent mercredi pour cinq semaines, mais le phénomène des ventes privées tend à émousser l'intérêt des consommateurs pour ce rendez-vous autrefois incontournable.
Contrairement à ces dernières années, "la météo a été un peu plus favorable au textile cette année", permettant de mieux écouler les pièces de saison, relève Aude de Moussac, experte consommation chez Kurt Salmon.
Selon l'Institut français de la mode, le bilan à fin mai pour le textile-habillement bénéficie même "d’une légère hausse", après six années de recul.
Un constat vite tempéré par les professionnels. "C'est vrai qu'on est en hausse, mais il faut rappeler qu'on partait de loin, avec une année 2013 catastrophique. On n'a même pas rattrapé le niveau d'il y a deux ans", note Jean-Marc Génis de la Fédération des enseignes de l'habillement.
"Ce n'est pas la catastrophe, mais on est quand même loin de l'euphorie", renchérit Mme de Moussac, soulignant l'importance des soldes pour les commerçants dans un contexte général qui demeure "morose".
Malgré tout, Jean-Michel Silberstein, président du CNCC (conseil national des centres commerciaux) se montre "plutôt optimiste" sur l'issue des soldes cette année.
"Les Français ont appuyé fort sur le frein ces dernières années, peut-être un peu trop fort, il est donc possible qu'ils profitent des soldes pour se relâcher un peu. C'est moins culpabilisant de dépenser quand on a le sentiment de faire des bonnes affaires", prédit-il.
Selon un sondage Ipsos, 76% des Français ont l'intention de faire les soldes d'été, soit 5% de plus que l'an dernier.
M. Génis reste pourtant prudent. "C'est difficile de savoir ce que ça va donner. Les Français sont abreuvés d'informations contradictoires sur la situation économique et tiraillés entre des envies tout aussi contradictoires", analyse-t-il.
"Les comportements ont changé. Terminé la période où on attendait les soldes pour dépenser sans compter. Aujourd'hui, les clients peuvent saisir une bonne occasion quand elle se présente pour se faire plaisir, mais ça ne veut pas pour autant dire qu'ils vont faire une razzia dans les boutiques et permettre aux commerçants de réaliser une bonne saison", explique M. Génis.
Résultat: à quelques jours du début des soldes, les consommateurs hésitent entre cigales et fourmis côté budget, tiraillés entre l'envie de se faire plaisir et la nécessite de contrôler leurs dépenses.
- Un but des Bleus, une réduction en plus -
Selon les enquêtes, 30% gardent en tête leurs difficultés financières et comptent dépenser moins, mais une autre fraction très importante (86%) veut se faire plaisir, en privilégiant les achats coup de cœur.
La plus grande incertitude réside dans le pourcentage de Français qui aura déjà fait ses soldes avant les soldes, grâce notamment aux ventes privées des enseignes pour leurs clients fidèles.
Chez Monoprix, qui propose des réductions de 30% depuis une dizaine de jours, "il y a déjà foule" depuis une semaine, constate ainsi Aude de Moussac.
Un sondage OpinionWay montre que 49% des Français ont déjà fait une partie de leurs soldes via des ventes privées.
"Courir les boutiques pendant les soldes n'est plus le rituel incontournable pour faire des bonnes affaires" pour certains consommateurs, note Valérie Dewerte du site Radins.com.
"La promo permanente est désormais quelque chose avec lequel on doit vivre", estime M. Silberstein, pour qui les enseignes doivent s'adapter.
"On va revoir les -60 à -70% dès les premiers jours, ça fait désormais partie du jeu", déclare-t-il. D'autant que les Français sont désormais plus de 55% à réclamer des réductions dépassant les 50%.
Par ailleurs, pour réenchanter les soldes, beaucoup de commerçants multiplient les opérations spéciales.
Les centres commerciaux Unibail joueront la carte de l'inattendu, avec des surprises permettant de gagner des bons cadeaux en répondant à un sondage.
Le site Brandalley accordera 10% de réductions supplémentaires à chaque but de l'équipe de France pour son match contre l'Equateur qui se tiendra mercredi.