La fille d'un patient dont la vie aurait été abrégée par le Dr Nicolas Bonnemaison a souhaité lundi devant la cour d'assises à Pau que l'urgentiste, poursuivi pour sept empoisonnements de malades en fin de vie, soit acquitté, alors que son frère a quant à lui exigé des explications.
"Nous avons quitté mon père pour déjeuner. Il aurait dû ne pas nous laisser partir. Pourquoi ne nous a-t-il pas averti? J'attends une réponse", a demandé Yves Geffroy, le fils d'André, décédé le 24 février 2011 à l'âge de 92 ans, à Nicolas Bonnemaison, qui comparaît depuis le 11 juin devant les assises des Pyrénées-Atlantiques.
"Je souhaite qu'il soit acquitté et que la loi (sur la fin de vie, ndlr) soit révisée afin que les médecins n'en arrivent pas là", a en revanche déclaré sa soeur, Sylvie Geffroy.
"J'ai estimé qu'ils avaient accompagné leur père jusqu'au bout", a déclaré de son côté l'ancien médecin, qui depuis le début du procès assume pleinement ses actes et laisse entendre qu'il cherchait surtout à abréger des souffrances et à épargner les proches.
"Le souhait d'Yves Geffroy m'a échappé", a encore dit l'ex-urgentiste de l'unité d'hospitalisation de courte durée (UHCD) de l'hôpital de Bayonne où il est soupçonné d'avoir abrégé la vie de sept malades en 2010 et 2011.
Son père "était dans le coma. Il ne lui restait que quelques heures à vivre. Il s'étouffait. Je lui ai injecté une ampoule d'Hypnovel, puis 2 ou 3 milligrammes d'une deuxième ampoule d'Hypnovel pour être sûr qu'il ne souffrait plus psychiquement", a-t-il déclaré.
"Ce produit n'a pas pour objet de provoquer la mort, mais de lutter contre la souffrance", a t-il insisté.
La loi Leonetti sur la fin de vie, datant de 2005, autorise les sédations ayant pour but d'abréger les souffrances et pouvant entraîner la mort comme effet secondaire. Toutefois, elle les encadre en exigeant une concertation avec la famille et que la décision soit prise au sein d'une équipe médicale.
"Mon rôle est d'assumer, seul, jusqu'au bout, pour ne pas mettre l'équipe soignante en difficulté", a encore dit le docteur, évoquant "les dégâts que ça peut occasionner chez les soignants".
Mais une aide-soignante, Laurie Pebarthe, et une infirmière, Nathalie Bec, appelées à la barre, ont déploré que le Dr Bonnemaison n'ai jamais rien expliqué.
Nicolas Bonnemaison, âgé de 53 ans, est passible de la réclusion criminelle à perpétuité.