La maison d'enchères Pierre Bergé & Associés a annoncé mercredi à l'AFP qu'elle retirait de la vente un exemplaire du livre "Mein Kampf" d'Adolf Hitler, à la suite de la protestation d'une association juive qui se disait "écoeurée".
"Face à l'émotion soulevée par le communiqué du Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme" (BNVCA), le collectionneur Philippe Zoummeroff, en accord avec Pierre Bergé & Associés, a décidé de retirer de la vente de sa bibliothèque de criminologie, prévue le 16 mai, l'exemplaire de "Mein Kampf" qui s'y trouvait, a indiqué la société de vente.
Intitulée "Crimes et Châtiments", cette bibliothèque est entièrement consacrée à la criminologie. Industriel à la retraite, Philippe Zoummeroff y a consacré ces quinze dernières années. "Son but était de documenter l'horreur sous toutes ses formes, pour mieux la prévenir et la combattre. Il entendait montrer la réalité de la pratique judiciaire et de l'horreur humaine depuis le XVIe jusqu'à la fin du XXe siècle", souligne la maison de vente.
Le collectionneur explique qu'il a acquis "Mein Kampf" afin de "montrer ce qui a existé, pour documenter l'abjection". "Cette collection est le contraire de l'apologie; c'est une dénonciation. Mais pour dénoncer, encore faut-il regarder l'histoire en face et n'en pas cacher la part la plus sombre ou la plus ignoble", fait valoir M. Zoummeroff.
Le collectionneur et la maison Pierre Bergé & Associés "rappellent que c’est à ce seul titre que la vente de +Mein Kampf+ demeure autorisée en France". La cour d’appel de Paris a estimé le 11 juillet 1979 que ce livre constituait "un document historique indispensable pour la connaissance de l’époque contemporaine".
M. Zoummeroff rappelle qu'il est juif et qu'il a passé la Deuxième Guerre mondiale caché à Cahors par le professeur Jean Rougier, député et résistant. Sa famille du côté de sa grand-mère, les Rosenthal, a péri dans les camps d'extermination.
Le collectionneur et la maison de vente ont également retiré de la vente "le numéro 237". Il s'agit d'un recueil de documents concernant un assassin, Louis-Marius Rambert, qui est relié avec des morceaux de peau tatoués du criminel mort en 1934.
Louis-Marius Rambert avait confié ses mémoires au docteur Jean Lacassagne (1886-1960) et lui avait légué sa peau tatouée.
Le Conseil des ventes volontaires avait rappelé mardi que la loi interdit le commerce de restes humains.