La mère de la fillette retrouvée morte sur une plage de Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais) est passée aux aveux lors de sa garde à vue, et doit être mise en examen pour assassinat samedi à Boulogne-sur-Mer.
Dix jours après la découverte du corps de la fillette de 15 mois, qui a enfin un nom, Adélaïde, la mère a livré sa version des faits, faisant la lumière sur une affaire jusque là très mystérieuse.
Elle "s'est rendue à Berck dans le but de mettre fin aux jours de son enfant. Elle l’a déposée vivante sur la plage alors que la marée montait. Elle ne s'était jamais rendue dans cette ville, dont seul le nom a retenu son attention", relate le parquet dans un communiqué, rapportant les premiers aveux de cette femme de 36 ans.
Elle a avancé des "difficultés qu’elle rencontrait dans la prise en charge quotidienne de la fillette, peu compatibles avec sa vie de couple", dit encore le parquet.
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La femme de 36 ans est arrivée vers 14H15 au palais de justice de Boulogne-sur-Mer, allongée sous un manteau à l'arrière d'un véhicule, a constaté un photographe de l'AFP. Elle doit être présentée devant un juge d'instruction.
Le parquet a sollicité son placement en détention provisoire.
Le corps d'Adélaïde avait été découvert le 20 novembre par des pêcheurs de crevettes, au petit matin, sur la plage de Berck. L'autopsie avait révélé "un oedème pulmonaire vraisemblablement consécutif à une noyade". Depuis, les enquêteurs tentaient de connaître son identité et celle de sa mère.
Jeudi, le procureur de Boulogne-sur-Mer, Jean-Pierre Valensi, avait officialisé l'ouverture d'une information judiciaire pour "meurtre".
Après avoir laissé sa fille sur la plage, la mère est rentrée à son domicile, qu'elle n'a plus quitté, hermétique au moindre appel à témoins, selon le parquet.
Hébergée à Saint-Mandé, en banlieue parisienne, elle a été interpellée à son arrivée à ce logement vendredi vers 18H00 et placée en garde à vue à Nanterre (Hauts-de-Seine).
Les analyses ADN ont rapidement montré qu'elle était bien la mère de l'enfant.
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Elle a par ailleurs expliqué être sans ressource, sans travail, étudiante en philosophie et vivre avec un homme de 63 ans à qui elle a expliqué à son retour avoir remis sa fille à sa mère pour qu'elle soit prise en charge au Sénégal.
"Lui aussi affirme qu'il n'a eu aucun écho de la disparition de l'enfant", dit le parquet. Le compagnon serait le père de l'enfant, a précisé à l'AFP le parquet qui dit toutefois ne pas en avoir la preuve. Il a été entendu comme témoin.
Une marche blanche de 400 personnes
Au moment de l'arrivée de la mère à Boulogne, à 50 km au sud, à Berck, démarrait une marche blanche en hommage à la fillette.
Plusieurs centaines de personnes, environ 400 selon la police, se sont retrouvées dans un cortège silencieux, où l'on pouvait voir quelques poussettes. A 14H30, la foule s'est recueillie sur l'esplanade, à quelques mètres de là où a été retrouvé le corps.
"C'est vraiment triste. (La mère) est une triste personne, c'est tout ce que j'ai à vous dire", a déclaré l'homme qui a découvert le corps sur la plage.
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Une jeune maman a écrit "Plus jamais ça" dans le sable, à l'endroit où se trouvait la victime.
L'enquête s'était concentrée sur la région parisienne alors que des images de vidéosurveillance à la gare du Nord à Paris montraient la mère et l'enfant en route pour Berck, le 19 novembre, puis la mère, seule, au retour, le lendemain, quelques heures après la découverte du cadavre.
L'appel à témoin a été affiché dans les stations de métro et de RER et des enquêteurs se sont rendus gare du Nord.
Les enquêteurs ont retrouvé la mère vendredi dans un immeuble de six étages, dans un quartier résidentiel de Saint-Mandé, petite commune plutôt bourgeoise jouxtant Paris, près du bois de Vincennes.
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Ils se sont basés à la fois sur des témoignages obtenus grâce à la diffusion de l'appel à témoins et à des recoupements effectués à partir des fichiers de police, a indiqué le parquet de Boulogne. Née au Sénégal et de nationalité française, la mère était inscrite au Fichier national des étrangers.
A Saint-Mandé, les voisins se remémorent en général une femme discrète, et certains n'ont jamais vu d'enfant en sa compagnie. Son compagnon est selon eux sculpteur et serait le propriétaire d'un coquet atelier dans l'arrière-cour de l'immeuble.
Un résident décrit une "femme à l'air vraiment sympathique", "avenante, avec le sourire".
Jean, qui a ses habitudes dans l'immeuble, lui "disait bonjour en passant. Elle avait l'air décontractée. Je connaissais le monsieur. Il est très gentil. Il s'occupait du jardin (…) Je ne peux pas vous assurer (qu'il y avait un bébé)".