Le parquet a requis jeudi la mise en examen du compagnon de la mère de Fiona pour "coups mortels" aggravés, privilégiant pour l'heure le récit par la mère de la mort de la fillette, alors que le couple maintient des versions divergentes sur les faits. Selon son avocat, Cécile Bourgeon a été mise en examen pour quatre délits dont recel de cadavre.
"Un important travail de clarification sera mené dans les prochains jours par le juge d'instruction", a dit le procureur de la République à Clermont-Ferrand, Pierre Sennès, appelant la presse à la "prudence".
Les enquêteurs continueront parallèlement à rechercher le corps de l'enfant près du lac d'Aydat, dans le Puy-de-Dôme. Les fouilles entreprises en fin de matinée ont été interrompues dans l'après-midi, la mère ayant "du mal à retrouver la géographie des lieux", selon M. Sennès.
Le magistrat a requis la mise en examen de Berkane Maklouf pour "coups et blessures volontaires ayant provoqué la mort sans intention de la donner", sur mineure de moins de 15 ans et par personne ayant autorité. Le crime est passible de trente ans de réclusion.
Il a également requis la mise en examen de Cécile Bourgeon, la mère de Fiona, pour plusieurs chefs dont "dénonciation de crime imaginaire", "recel de cadavre" et "dissimulation de preuve". Ces faits sont punis de cinq ans de prison.
Alors que le couple devait passer "en fin de soirée" devant le juge de la liberté et de la détention, après leur mise en examen, le magistrat a requis leur incarcération.
Les trois autres personnes placées en garde à vue depuis mardi à Clermont-Ferrand, des "proches" du couple, ont livré "des informations" mais n'étaient "pas là au moment des événements" et ont été remises en liberté.
"Conduites à risque"
L'affaire a commencé le 12 mai, lorsque Cécile Bourgeon a affirmé à la police que sa fille de cinq ans avait disparu dans un parc de Clermont-Ferrand alors qu'elle-même, enceinte de six mois, s'était assoupie sur un banc.
D'emblée, les enquêteurs "ont privilégié deux pistes", selon M. Sennès: celle "d'un pervers", confortée en apparence par l'ouverture d'une information judiciaire le 14 mai pour "enlèvement et séquestration", et "la piste familiale".
"Le premier acte d'instruction a été de placer sous écoute l'ensemble de la famille et des proches du couple", a précisé le procureur, pour qui la piste familiale "a prospéré au fil des semaines".
Les enquêteurs ont notamment été intrigués par "les conduites à risque" du couple, qui partait consommer de la drogue en emmenant Fiona et sa soeur de deux ans, et par leurs recherches sur Internet liées à des disparitions d'enfants.
La décision de les interpeller a été prise "dès le mois de juin", mais différée en raison de la grossesse de Cécile Bourgeon. Ils ont attendu qu'elle relève de la naissance de son troisième enfant, fin août, pour l'arrêter mardi avec le père du bébé, Berkane Maklouf.
"Etouffée dans son vomi" ?
Sous la pression des enquêteurs, le couple a craqué mercredi et chacun a avoué la mort de l'enfant et la dissimulation de son cadavre, avec cependant "de fortes discordances" sur les circonstances de sa mort.
Selon Cécile Bourgeon, Berkane Maklouf a "porté un coup important" à Fiona le soir du 11 mai, lui occasionnant "un hématome autour de l'oeil". Dans la nuit, "Fiona a vomi à plusieurs reprises" et elle a été "découverte morte dans son lit au matin".
Le couple, divergeant un instant sur l'opportunité de prévenir la police, aurait finalement mis le corps dans un sac, placé dans le coffre de leur voiture, avant d'enterrer la fillette "à la lisière d'une forêt", nue et en présence de sa petite soeur.
Berkane Maklouf, lui, reconnaît que Fiona a reçu des coups dans les jours précédant sa mort mais "nie farouchement" en être l'auteur, selon son avocat, Me Xavier Capelet.
"Il a reconnu un accident domestique et il a reconnu que le couple avait monté un scénario. Selon lui, l'enfant s'est étouffée dans son vomi. Ils l'ont trouvée le matin dans cet état et ont paniqué", a ajouté l'avocat.
La petite avait l'habitude de se faire vomir, pour imiter les nausées de sa mère enceinte ou en se plaignant de maux de ventre, a affirmé le suspect aux policiers. Le soir du drame, il l'aurait réprimandée, lui interdisant de se faire vomir et d'aller aux toilettes. Il lui aurait donné une fessée, alors que Cécile Bourgeon était couchée.
Le parquet de Clermont-Ferrand a requis jeudi la mise en examen et le placement en détention de la mère et du beau-père de Fiona, qui étaient présentés dans la soirée au juge d'instruction, a annoncé à la presse le procureur de la République, Pierre Sennès.
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