Les autorités ont renouvelé dimanche leurs propositions au père de famille retranché depuis vendredi dans une grue alors que l'avocate de la mère a évoqué une maman et un fils "très éprouvés" par les "coups de force répétés" attribués au père.
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault est lui-même intervenu dimanche après-midi, demandant à deux de ses ministres, Christine Taubira (Justice) et Dominique Bertinotti (Famille), de recevoir la semaine prochaine "l'association SOS Papa (ndlr: qui compte 16.000 adhérents) et d'autres associations de défense des droits des pères".
Le père retranché, Serge Charnay, 42 ans, a fait savoir en fin de journée qu'il n'avait pas l'intention de redescendre avant la réunion avec Mmes Taubira et Bertinotti.
Le préfet de Loire-Atlantique, Christian Galliard de Lavernée, a déclaré que les autorités renouvelaient la proposition déjà formulée vendredi soir et permettant au père de déposer lundi matin "une requête expresse au tribunal pour réexaminer sa situation". "Un avocat sera à sa disposition au tribunal", a assuré le préfet lors d'un point-presse au pied de la grue. En même temps que cette proposition, de l'eau et des vivres ont été montés à M. Charnay. "Il est libre de ses mouvements pour redescendre quand il veut", a assuré M. de Lavernée.
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Dans un communiqué adressé à l'AFP, révélant une série d'éléments graves attribués au père, l'avocate de la mère de l'enfant, né en 2006, écrit: "Benoît et sa mère ont été très éprouvés durant les trois dernières années par les coups de force répétés de Serge Charnay".
"Aucune discussion ne saurait être engagée aujourd'hui en dehors de l'enceinte judiciaire, seule garantie de la sécurité et de l'intérêt supérieur de Benoît, justice que Serge Charnay n'a pas saisie et dont il refuse la médiation comme cela lui a été proposé il y a 48 heures en urgence", affirme l'avocate, en référence à la proposition déjà formulée dès vendredi par les autorités.
L'avocate, qui a demandé que son nom ne soit pas publié, fait ainsi état de deux soustractions d'enfant -l'une de 15 jours en 2010 et une seconde de deux mois et demi en 2011- ainsi que de propos menaçants de Serge Charnay à l'égard de la mère de son fils. Elle rappelle qu'à la suite de ces soustractions, "la cour d'appel de Rennes a suspendu le droit d'accueil du père et accordé à la mère le seul exercice de l'autorité parentale".
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Se son côté, Nicolas Moreno, l'autre père monté en haut d'une grue nantaise mais redescendu samedi, a dit "redouter" dans un entretien au site internet de Sud Ouest que l'obstination de Serge Charnay ne se retourne contre leur cause. "Il ne faudrait pas que cela se retourne contre nous, comme l'attendent ceux qui d'ordinaire nous font passer pour de mauvais pères devant les tribunaux", a-t-il expliqué.
Toute la journée dimanche, cette grue a été le point de ralliement de pères qui s'estiment insuffisamment pris en compte par la justice en matière de garde d'enfants.
En début d'après-midi, comme en écho à ces revendications, Serge Charnay a tagué en haut de la grue "sauver les enfants de la justice" et dessiné un coeur, après être descendu en rappel de 4 à 5 mètres depuis le sommet.
La journée a été une succession de happenings, depuis la venue d'une personne compatissante, soucieuse de faire parvenir un sac de vivres à Serge Charnay mais qui se le voit confisquer par les policiers, jusqu'à la montée impromptue de Nicolas Moreno, qui a escaladé la grue après avoir trompé la vigilance des forces de l'ordre, pour aller étreindre à mi-hauteur Serge Charnay. Samedi, M. Moreno s'était lui-même retranché dans une grue sur le même site pendant plusieurs heures.
A La Rochelle, un père de 41 ans, mécontent d'un jugement relatif à la garde de son enfant, est monté dans la nuit de samedi à dimanche sur le toit de son immeuble à Saintes (Charente-Maritime), menaçant de sauter. Il est redescendu au bout d'une heure, après avoir parlementé avec les pompiers et la police.
L'action de M. Charnay intervient à quelques jours d'une journée nationale de manifestation pour les droits des pères, programmée par l'association SVP Papa mercredi à Nantes, ville du Premier ministre.